État des céréales à paille : une situation hydrique de plus en plus tendue

L’absence de pluies significatives depuis deux semaines fait progressivement rentrer en stress les céréales d’hiver dans les parcelles les plus superficielles. (©Arvalis-Institut du végétal)
L’absence de pluies significatives depuis deux semaines fait progressivement rentrer en stress les céréales d’hiver dans les parcelles les plus superficielles. (©Arvalis-Institut du végétal)

Météo-France a classé la nuit du 3 au 4 avril 2022 comme la nuit d’avril la plus froide en 75 ans ! Cette vague de froid polaire n’a pas été sans conséquence pour les végétaux, y compris pour les grandes cultures qui ont localement subi des dégâts.

Néanmoins, en dehors de cet épisode de gel, la météo du mois d’avril est assez conforme aux normales de saison : sur l’ensemble du mois, les cumuls de température et de rayonnement ont été assez proches de la moyenne pluriannuelle ; ceci a notamment conduit à maintenir l’avance constatée sur les stades des cultures, notamment à l’Ouest.

Ecart du cumul de températures du mois d’avril 2022 (en % de la moyenne 2002-2021)
Ecart du cumul de températures du mois d’avril 2022 (en % de la moyenne 2002-2021) (©Arvalis-Institut du végétal)

Côté pluviométrie, à l’échelle nationale, les épisodes pluvieux ont plutôt été moins nombreux qu’à la normale, mais les cumuls sont très variables : le quart Sud-Est a reçu en avril 2022 moins de précipitations qu’en moyenne à cette période de l’année, alors qu’une zone allant de l’Ile-de-France à l’Alsace a été significativement plus arrosée.

Ecart du cumul de précipitations du mois d’avril 2022 (en % de la moyenne 2002-2021)
Ecart du cumul de précipitations du mois d’avril 2022 (en % de la moyenne 2002-2021) (©Arvalis-Institut du végétal)

Des cultures toujours en avance, notamment à l’Ouest

Dès la sortie d’hiver, la Bretagne, les Pays de la Loire et le Poitou-Charentes présentaient des cultures nettement en avance par rapport aux moyennes pluriannuelles. Cette tendance s’est maintenue : on l’évalue aujourd’hui à près de 10 jours d’avance dans ces secteurs. Dans le reste du pays, 2022 s’affiche comme une année plutôt précoce, mais avec une avance de l’ordre de 3 à 8 jours.

Ainsi, l’épiaison et la floraison des orges est dépassée sur une moitié Sud-Ouest. Au Nord-Est, ces stades sont annoncés dans les deux semaines à venir, sauf si le stress hydrique accélère la phénologie des cultures.

En blé, les tendances sont très similaires pour l’épiaison, mais cette espèce maintient une floraison décalée dans le temps à la différence des orges.

Un stress hydrique déjà installé dans le Sud-Est, et imminent partout ailleurs

Le Sud-Est est en déficit chronique de précipitations depuis plusieurs mois, et la précocité des cultures exacerbe les besoins journaliers. La situation dans ce secteur est donc évidemment délicate pour les parcelles non-irriguées ou en l’absence de sols très profonds. Partout ailleurs, les quelques pluies d’avril ont permis de « tenir le coup » jusqu’à récemment, mais l’absence de pluies significatives depuis deux semaines fait progressivement rentrer en stress les céréales d’hiver dans les parcelles les plus superficielles.

Déficit hydrique estimé pour un blé tendre (sols et variétés adaptés localement) – Simulation au 3 mai 2022
Déficit hydrique estimé pour un blé tendre (sols et variétés adaptés localement) – Simulation au 3 mai 2022 (©Arvalis-Institut du végétal)

Aujourd’hui, les réserves en eau du sol, dans la zone d’enracinement, sont proches de l’épuisement sur les sols superficiels à moyen, et le bilan P-ETP prévu pour la semaine en cours va rapidement accentuer le décrochage des situations les moins pourvues en eau.

Les conséquences pour les cultures sont de deux ordres. Tout d’abord, les apports tardifs d’azote n’ont pas tous été bien valorisés si réalisés trop loin des épisodes de pluie. Par ailleurs, le stress hydrique apparu en fin de montaison va potentiellement impacter la fertilité des épis et la mise en réserves dans les tiges, habituellement utilisée pour finir le remplissage des grains. La surface foliaire va rapidement réagir à ce stress hydrique, avec la sénescence des feuilles inférieures et la régression des dernières talles non montées. On peut néanmoins espérer que l’installation progressive de ce stress hydrique et l’absence d’excès d’eau en hiver auront permis aux cultures de s’adapter progressivement à la baisse de la disponibilité en eau.

La situation hydrique actuelle n’est pas exceptionnelle (hormis dans le quart Sud-Est, très sec), mais dans certains secteurs du Centre et de l’Est, elle se rapproche des niveaux de stress atteints à floraison en 2020 et 2021. L’inconnue reste évidemment la date de retour des pluies et son intensité.

Des prévisions saisonnières qui anticipent un début d’été plutôt chaud et sec

À court terme, la situation météo restera bloquée pour la première quinzaine de mai, avec la persistance d’un temps sec sur la moitié nord et la présence d'orages au sud.

La deuxième quinzaine de mai pourrait s'inverser avec le retour de quelques précipitations sous forme d’averses sur la moitié Nord et un temps plus sec au Sud, avant une fin mai chaude et estivale (et sèche) pour tout le territoire.

Au niveau saisonnier, le scénario le plus probable laisse apparaître un trimestre mai-juin-juillet un peu plus chaud que la moyenne sur la France, mais sans excès et une activité orageuse marquée. Juin devrait être chaud et orageux, peut-être le mois le plus chaud de l’été. Le mois de juillet semble plus propice à un risque de canicule avec une activité orageuse plus faible qu’en juin. En résumé : le prochain trimestre devrait être chaud et déficitaire en précipitations.

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