« Faut toujours avoir du stock » selon certains
Alors que la colère monte dans les campagnes, en raison des ruptures de gasoil non routier liées aux grèves dans les raffineries de Total principalement, en pleine période de semis et de récolte de maïs grain, pommes de terre, betteraves, Bruno Hyais disait, sur Facebook, « ne pas comprendre que les agriculteurs n'aient pas suffisamment de stock de GNR ». « C'est juste de la gestion », selon lui.
Sur Terre-net, vérité écrivait lui-aussi : « Ceux qui ont les cuves vides, arrêtez de pleurnicher, c'est votre faute. Gérer une ferme, c'est prévoir. La consommation de GNR pour les labours et les semis est prévisible : consommation à l'hectare x le nombre d'hectares à labourer et semer. Il fallait commander début septembre ! »
Quitte à remplir une cuve pleine aux 3/4 ?!
Ce qui a fait réagir de nombreux lecteurs. Comme Matthieu Opsomer : « Avoir du stock, c'est une chose mais il arrive un moment où la cuve est vide, à moins de la remplir quand elle est aux 3/4 pleine. »
« Et surtout une grosse cuve ! »
« Prévoir OK mais quand on ne vous donne pas de délai, que les livraisons de GNR sont à chaque fois reportées, et qu'on est limité à 2 000 l par ferme, difficile de ne pas se retrouver à sec », insiste Guillaume Drivière.
« Tu commandes mais t'es pas livré !!, appuie Nathalie Jacquemart, précisant au passage que « les petites exploitations laitières ne peuvent pas se permettre d'investir dans des cuves de 10 000 l ! » « On avait commandé il y a trois semaines et on a dû se faire dépanner en catastrophe chez un autre fournisseur (...) », indique-t-elle.
Tu commandes et t'es pas livré !!Pour limiter les problèmes, « faut une grosse cuve », enchaîne Matthieu Opsomer. Ce que confirme Benjamin Lambert : « Rester à sec aurait pu m'arriver lorsque je n'avais que 1 500 l de stockage, une capacité trop faible comparé à mes besoins : le plein de la moissonneuse et du tracteur, et elle était presque vide. Maintenant, j'ai 6 000 l et je commande pour un an à peu près. » « Une bonne gestion, c'est pouvoir acheter en grande quantité quand le GNR n'est pas cher », poursuit-il. « Parfois, j'en commande même quand la citerne est encore pleine », complète-t-il pour répondre au premier commentaire de @Matthieu Opsomer.
Même chose pour Francis V, qui « (...) n'attend pas que la cuve soit à zéro pour faire le plein ». « Même si la consommation peut varier, chacun connaît ses besoins, fait-il remarquer. Du coup, la pénurie, je ne connais pas ! »
« Stocker, ça coûte cher » et avec les risques de vol...
Clément Bongiorni n'est pas de cet avis : « Avoir du stock, ça coûte cher donc on ne s'amuse pas à commander à l'avance s'il en reste dans la cuve... » « Et les blocages n'étaient pas prévisibles », ajoute-t-il.
Pas simple alors d'anticiper, juge également Guillaume Drivière. « Je fais un plein au trimestre donc j'estime que je prévois assez », témoigne-t-il. « Les agris en panne sec sont souvent des entrepreneurs qui consomment plus de 1 000 l/jour alors là, bien sûr, ça coince ! », pense-t-il.
Faut avoir la trésorerie pour anticiper...
Cédric Goffinet avance un autre argument : « Début novembre, on passe en GNR hiver résistant au froid, donc c'est compliqué de faire du stock au printemps car, si l'hiver est rude, on risque d'autres soucis. » Il rejoint @Guillaume Drivière quant au coût : « Faut avoir la trésorerie » pour acheter d'avance.
Mathilde Victor est d'accord sur ce dernier point, surtout avec le prix du GNR qui s'envole. « Il faut de la trésorerie pour remplir la cuve quand le tarif est accessible », pointe-t-il. Et « maintenant, faut intégrer les difficultés d'approvisionnement en gasoil à cette gestion », déplore-t-il.
« Les prix, c'est de la folie !! »
titian, qui possède « une seule cuve de 1 500 l », craint que « (...) davantage de stockage attise la convoitise, en plus de l'investissement à réaliser ». Et il a peut-être raison car la cuve de Bruno 02, vient « d'être siphonnée, encore... » De même, Benoît Ollivier n'a « pas la capacité de stocker 10 000 l mais juste 2 500 l » car « on lui a déjà volé 2 000 l et l'assurance n'a pas fonctionné » invoquant, comme raison, que la cuve « n'était pas aux normes ». Depuis, il a donc décidé « de remplir au compte-goutte ». « Et même en prévoyant à l'avance, il y a trois semaines de délai... », constate-t-il.
J'attends de voir la facture pour réaliser.
Sébastien Delanery, lui, vient « d'être livré ». Mais « le prix, c'est de la folie !!! », lance-t-il. Son fournisseur lui a « annoncé par téléphone ». « J'attends de voir la facture pour réaliser !! », ironise-t-il.
Toutoune (...) en a aussi « rentrer 5 000 l ». « À payer d'avance, 17 centimes de plus, mais aucune restriction de quantité », raconte ce lecteur.
Noe Boxoen, sur le ton de l'ironie également : « À 1,99 € le litre, ça va, c'est pas trop mal ! Tu parles d'une bande de pourris... »
Ce sont les agriculteurs qui devraient faire grève...
Quant à moi-même, il est « à sec » « Chômage technique, pas de semis de blé ! Est-ce que je dois écrire à la préfecture ou au ministère des transports pour me faire payer les pertes subies ? (...) », demande-t-il.
Vu les prix de leurs productions...
Et Bcts de conclure : « En France, le patronat ne fonctionne qu'à coup de rapport de force et de crises. La CGT l'a bien compris, elle. Les agriculteurs, eux, en sont encore à travailler pour la gloire, avec des prix qui ne leur permettent pas de vivre décemment. En ces temps d'approvisionnement tendu, s'ils faisaient comme la CGT, on verrait sans nul doute les prix des denrées agricoles revenir à un niveau correct. Et en sûrement moins de quinze jours. »
Laissons les semoirs au hangar !
Une opinion que partage William 18 : «(...) En élevage, ce serait relativement simple et tant pis pour les lots déclassés car trop lourds, on s'y retrouverait sur les suivants. Et même en cultures, à condition de s'unir au niveau européen. Du blé à 400 €/t sinon les semoirs restent à l'abri ! Mais bon là je rêve, faut bien fournir tous les rapaces de l'agroalimentaire... »