Pas plus de 20 % de tiges
Bien qu'à l'échelle de la parcelle, les siliques peuvent sembler à maturité et les graines sèches, il est indispensable d'observer la plante dans son ensemble : tige et siliques.
- Vérifier la maturité des siliques les plus basses. Les siliques les plus basses sont à la fois les plus productives et celles qui murissent le plus tard. Une récolte trop précoce conduirait ainsi à la perte pure et simple de ces siliques.
Vigilance en particulier sur l’ensemble des situations qui ont connu des difficultés d’entrée en floraison, avec des décalages de maturité potentiellement importants.
- Pas plus de 20 % de tiges vertes. De façon générale, les grains sont à maturité bien plus rapidement que les tiges. La meilleure tolérance au phoma des variétés actuelles couplée à une protection fongicide efficace, tend en effet à retarder la dessication des tiges ( surtout en sols profonds).
La présence de tiges vertes entraîne des pertes et des difficultés de battage :
- siliques non matures qui ne sont pas battues : on mesure jusqu’à 4 q/ha de pertes à l’arrière de la batteuse. Ces pertes se limitent à 0.33 q/ha lorsque le colza est à maturité c’est-à-dire 100% des siliques mûres et moins de 20% de tiges vertes. Les repousses, témoigneront des pertes à la récolte.
- pailles et tiges humides entravent l’efficacité de secouage des parties hautes et plus sèches de la végétation; contraignent à augmenter la vitesse du batteur et de la ventilation ce qui entraîne un accroissement des pertes et une surconsommation de carburant.
En pratique : La hauteur de coupe est un levier intéressant pour diminuer l’humidité des pailles, en limitant le volume de tiges dans la batteuse. En situation classique, les siliques se situent au-delà de 70-80 cm sur la tige. Il n’est donc pas utile de couper plus bas. La hauteur de coupe est correcte si les insertions des premières ramifications apparaissent sur les chaumes.
Egrenage : pas de panique, les variétés sont performantes et les pertes très réduites
Les variétés de colza cultivées actuellement ont un comportement à l’égrenage meilleur que par le passé et les pertes par égrenage sont nettement inférieures aux pertes arrière liées à la sous maturité.
En effet les mesures réalisées par Terres Inovia montrent que les pertes par égrenage sont de l’ordre de 0,3 q/ha, et peuvent atteindre 0,8 q/ha dans des conditions difficiles. Cette valeur est à mettre en regard des 4 q/ha de pertes arrière mesurées lors d’une récolte à sous maturité.
Soigner le réglage de la machine : la graine est fragile
- La ventilation est un point crucial car la graine de colza est légère. Afin d’éviter d’envoyer les graines en pertes arrière de la machine, le ventilateur doit être réglé au minimum autour de 450-500 tours.
- Hauteur entre les spires de la vis et le fond de la coupe : 4-5 cm sont nécessaires pour avoir un espace suffisant pour le passage de la végétation volumineuse. Ce réglage sera d’autant plus important si l’on ne possède pas d’extension ou rallonge de coupe.
- Utiliser les rabatteurs avec modération : ils doivent accompagner la végétation vers la vis. Les maintenir suffisamment haut évitera de l’égrenage.
- La vitesse du batteur doit être la plus faible possible entre 600 et 650 tours par minute pour tenir compte de la fragilité de la graine. Une récolte à sous-maturité, avec des tiges trop humides risque cependant de contraindre à augmenter la vitesse du batteur et aura pour conséquence l’augmentation des pertes.
- Le réglage du contre-batteur doit permettre à la végétation volumineuse de s’engager facilement, avec une ouverture supérieure à l’avant qu’à l’arrière : de l’ordre de 25-30 mm à l’avant et 15-20 mm à l’arrière. la vitesse du séparateur restera à 400 tours par minute.
Il est aussi possible de changer la gorge de la courroie de transmission sur la poulie de plus faible diamètre pour modifier la fréquence de mouvement du caisson de nettoyage et limiter le phénomène d’éjection des graines vers l’arrière. Il faut accepter de monter un peu d’impuretés dans la trémie. Une récolte « trop propre » peut être révélatrice de réglages trop sélectifs et entrainer des pertes exagérées à l’arrière de la batteuse.
Vigilance pour la gestion de l'interculture
Attention pour les secteurs avec une fin de printemps pluvieuse : il n'est pas impossible que les moissons soient réalisées cette année sur des sols humides. Une vigilance toute particulière sera ainsi à accorder à la structure de sol lors de la préparation de la culture suivante. Des compactions ou défaut structuraux observés pourront nécessiter des travaux de fissuration, lorsque le sol sera redevenu friable sur toute la profondeur de travail. En outre, cette fin de cycle humide est favorable au développement des adventices. Un déchaumage après récolte, effectué à plus de 5 cm de profondeur et par temps séchant peut contribuer à la destruction de ces adventices avant leur grenaison.