Pour réussir son désherbage, il est tout d’abord important de bien repérer le stade du maïs afin de limiter au maximum un risque de manque de sélectivité sur de jeunes plantes. Il faut éviter toutes applications sur des maïs trop précoces et, le cas échéant, attendre le stade deux feuilles en s’assurant du bon état végétatif. Dans tous les cas, il convient d’inventorier de manière précise la flore déjà présente, ou attendue sur la parcelle (espèce et stade de développement) afin de choisir les produits et composer les mélanges les plus adaptés à la flore en place.
Désherbage en pré ou post précoce : les racinaires, indispensables pour la gestion préventive des graminées
La présence assurée de graminées, tels que PSD (panic, sétaire, digitaire) ou encore de ray-grass, impose quasiment l’application d’un produit racinaire en prélevée ou en postlevée précoce, avant la levée de ces graminées. La dose d’application est gérée selon la nature de la flore, le degré d’infestation attendu et les types de sol. En effet, la gestion préventive des graminées limite la probabilité d’avoir recours en postlevée à des associations sulfonylurées + auxiniques sur des flores avec vivaces, associations délicates à manipuler en termes de sélectivité.
Ray-grass résistant aux sulfonylurées : le double chloroacétamide en prélevée souvent plus performant
La gestion des ray-grass résistants (dans le bassin parisien notamment) impose le recours à la prélevée. Les résultats acquis récemment mettent en évidence une meilleure efficacité des associations de chloroacétamides à base de S-métolachlore et de DMTAP (Isard 1,2 + Dual Gold 1,1 ou Dakota P 4 + Dual Gold 1,1).
L’humidité du sol, un critère d’efficacité des interventions de prélevée
Les herbicides appliqués en prélevée nécessitent un cumul de 10 mm de pluie dans les 15 jours qui suivent l’application pour garantir une efficacité optimale.
Si ces conditions ne sont pas réunies et :
- Si la pression graminée est forte dans la parcelle : il conviendra tout de même de réaliser l’opération en essayant de la positionner au plus près du semis pour bénéficier de l’humidité résiduelle. En effet, en condition sèche, l’efficacité des chloroacétamides n’est pas nulle et limitera le risque d’avoir à gérer en post des situations non contrôlables par des produits foliaires (graminées résistantes notamment).
- Si la pression graminée n’est pas trop forte et que les produits le permettent, on pourra reporter l’intervention en postlevée précoce, éventuellement associée à des produits foliaires pour garantir une meilleure efficacité sur les premières levées d’adventices.
Gestion de flore classique en un passage : la prélevée renforcée ou la postlevée précoce ?
Sur ces flores les plus simples, l’objectif est de maîtriser les dicotylédones et de prévenir l’éventuel développement de graminées. Plusieurs approches sont possibles selon le degré d’infestation, la nature des sols et les objectifs en nombre de passages.
Prélevée seule renforcée
L’utilisation d’un herbicide à large spectre en prélevée du maïs dans l’optique de ne réaliser qu’un seul passage est possible. Nous proposons l’utilisation de l’isoxaflutole (IFT) composant du Merlin Flexx, en prélevée associé à un chloroacétamide. À la place de l’IFT, il est possible d’utiliser la pendiméthaline qui possède également un spectre large (Prowl 400 ou Atic-aqua). Pour une bonne efficacité, la pendiméthaline nécessite une humidité du sol suffisante et persistante. Mais il ne faut pas l’utiliser en sol filtrant ou en cas de semis mal recouvert car cette substance active présente un risque de phytotoxicité pour le maïs si elle vient au contact des racines (racines en « massue »).
L’emploi de Camix, seul ou renforcé par de l’IFT ou de la pendiméthaline, peut constituer également une bonne stratégie. L’Adengo Xtra (IFT et thiencarbazone) utilisé seul ou de préférence en association avec un chloroacétamide (Dual Gold ou Isard) peut également être une alternative. Cette stratégie présente l’avantage de ne réaliser qu’un seul passage. Elle peut néanmoins être mise en défaut lorsque les conditions d’activité des produits sont perturbées par la sécheresse ou par la levée tardive de certaines dicotylédones. Il est alors nécessaire de rattraper en postlevée, le plus souvent avec une tricétone contre les dicotylédones classiques.
La dose du produit commercial de prélevée doit être élevée pour être efficace mais modulée en fonction du type de sol. Entrent en ligne de compte : la teneur en matière organique (qui « bloque » la matière active) et/ou le type de sol (sol sableux ou filtrant, limon battant qui augmente le risque de manque de sélectivité de certaines matières actives). Les doses ci-dessus sont indicatives et peuvent être modulées selon la connaissance de la parcelle, l’historique de l’usage de ces produits, et les degrés d’infestation.
Postlevée précoce seule
Passer uniquement en postlevée peut constituer une alternative dans différents cas :
- Si les conditions en prélevée sont très mauvaises,
- Si les semis sont très précoces,
- Si l’on est sûr de l’absence de certaines graminées...
Le report en postlevée précoce (1-3 feuilles du maïs, adventices en cours d’émergence) d’associations à base de Dual Gold ou Isard avec une tricétone (Camix) et/ou une sulfonylurée constitue une option possible. La thiencarbazone-méthyl (Adengo Xtra) peut également être utilisée en association avec un chloroacétamide ou une sulfonylurée (nicosulfuron) en post-précoce pour ce type de flore.
Ce type de stratégie, testé depuis des années dans les réseaux d’essais, présente l’avantage d’être moins sensible aux conditions climatiques que la prélevée seule. En effet, l’efficacité des produits foliaires, dans ce type de stratégie, vient contrebalancer un manque d’efficacité des produits racinaires en conditions sèches. Lorsque la levée des adventices est avancée, et notamment dès que les graminées ont dépassé une feuille, mieux vaut se reporter sur des associations de postlevée dans le cadre d’un programme à un ou deux passages.
Attention aux conditions d’application
Il est primordial de veiller à être dans de bonnes conditions d’application des herbicides foliaires systémiques. Les conditions avant et après le traitement influent sur le risque de phytotoxicité et sur l’efficacité des produits.