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La rotation joue un rôle primordial dans la stratégie de désherbage
Le fait d’introduire une flore d’adventices « printanières » produit « une diversité plus facile à gérer dans la rotation et donne accès à de nouveaux modes d’action herbicides », indique Pascal Boulin. Cette diversité est, selon lui, « la clé de la réussite ! Plus on augmente la diversité des modes d’action, plus l’efficacité et le rendement sur le long terme seront maximisés ».
Quelles cultures introduire dans ma rotation ? Selon les régions et les débouchés possibles, les rotations peuvent être très variées. Pour « casser le cycle des graminées », Arvalis préconise, par exemple, ce type de rotation : année 1 : colza >> année 2 : une céréale d'hiver >> année 3 : une culture de printemps (maïs, tournesol, soja) >> année 4 : une céréale d'hiver >> année 5 : une culture de sortie d'hiver (pois, féverole, betterave, orge).
Principales cultures des rotations en région betteravière (source ITB) | |
Alsace | Betterave, blé, maïs |
Champagne-Ardennes | Betterave, blé, colza, orge, luzerne |
Nord-Pas-de-Calais | Betterave, blé, pomme de terre, pois, endives, lin, orge, colza |
Normandie | Betterave, blé, lin, maïs, pois, orge, pomme de terre, colza |
Picardie | Betterave, blé, colza, féverole, orge/maïs, lin/pois |
Sud de Paris | Betterave, orge, blé, maïs, colza |
Limagne | Betterave, blé, tournesol, colza, maïs |
Principales cultures des rotation en région de production de pommes de terre (Hauts-de-France) selon la destination de la production | |
Transformation (4 ans) | Blé, betterave, blé, pomme de terre |
Ou blé, orge, blé, pomme de terre | |
L'orge peut être remplacée par pois, endive, lin, orge, colza | |
Frais (6 ans) | Blé, betterave, blé, pois, blé, pomme de terre |
Le pois peut être remplacé par d'autres cultures. |
Une recette miracle ?
L'introduction de cultures de printemps donne également accès à d'autres leviers agronomiques comme le buttage (pomme de terre) ou le binage. Cette dernière technique est utilisée pour 70 % des parcelles de betteraves et 5 % de celles de maïs et de tournesol en France, selon Bayer. D'autres leviers peuvent jouer en faveur de la gestion des adventices, ajoute Pascal Boulin : retarder la date de semis, travailler le sol, favoriser des espèces de couverts végétaux "étouffantes" en intercultures...
Lors de cette journée dédiée au désherbage, quatre agriculteurs, membres du réseau Capital propreté parcelles, ont pu partager leurs expériences, chacun dans des contextes très variés. Charly, installé dans les Alpes-de-Haute-Provence, a subi pour les derniers semis une forte sécheresse, compliquant sa stratégie de désherbage. Jean-Marie, exploitant dans la Marne et adepte du non-labour depuis 15 ans, a réintroduit la technique du faux-semis pour faire face au vulpin résistant dans ses parcelles. Jean-Louis, en Moselle, évite de conserver des sols nus. Du fait des conditions climatiques, il ne peut pas jouer avec les dates de semis car il risque de ne plus pouvoir intervenir à cause de l'humidité. Pour Thierry, agriculteur en Essonne, l'allongement des rotations est primordial. Il a introduit récemment du quinoa et du chanvre. Même si cette dernière culture n'est pas très rentable, elle dispose d'un fort pouvoir couvrant et ne nécessite aucune action de désherbage. Thierry dit réfléchir « à l'échelle de la rotation toute entière ».
Ainsi, « il n'existe pas de solution unique, constate Pascal Boulin. Il faut adapter sa stratégie de désherbage en fonction de chaque culture, région, climat et terrain... ». C’est d’ailleurs pour cette raison que Bayer souhaite travailler avec une approche plus régionale. Dès les prochains semis, l'entreprise disposera de cinq plateformes d’essais en France dans le cadre d’Herb'innov au lieu d’une seule : à Tilloloy (Somme), Magnant (Aube), Ondes (Haute-Garonne), Varaize (Charente-Maritime) et Cravant (Loiret).