L’agronomie en première ligne
Une des principales stratégies à mettre en place est la réduction de la phase de sensibilité. Cette phase de sensibilité est courte, elle s’échelonne du semis à la première paire de feuilles pour les corvidés et de la levée à la première paire de feuilles pour les pigeons. Respecter les fondamentaux d’un semis réussi permet une levée rapide et dynamique du tournesol et ainsi de limiter la période de sensibilité à ces ravageurs.
Éviter les parcelles historiquement exposées
Les parcelles à proximité de colonies de corbeaux freux, ou celles situées en zone péri-urbaine (habitats privilégiés des pigeons ramiers) sont plus à même de rencontrer ces déprédateurs. Afin de limiter les risques, évitez ces parcelles trop exposées.
Coordination des semis avec les voisins
Une stratégie envisageable consiste à coordonner les semis sur un territoire. Collective, donc demandant une organisation et une synchronisation en amont, elle vise à maximiser la surface en tournesol "consommable" au même moment de manière à diluer les populations d’oiseaux et leurs impacts sur une surface plus grande et, de ce fait, diminuer leur ampleur sur l’ensemble du bassin de production.
Retrouvez le témoignage de Franck Despras, agriculteur en Indre-et-Loire, à ce sujet notamment (cliquez sur le curseur pour lancer la vidéo) :
Pour l'agriculteur, il est important de « varier les moyens de lutte contre les oiseaux déprédateurs ». Franck Despras utilise notamment les effaroucheurs visuels et sonores : il « multiplie les canons dans les grandes parcelles (3 canons pour une parcelle de 21 ha par exemple, disposés en triangle) et alterne les déclenchements pour une meilleure efficacité ».
Protection des parcelles
L'agriculteur met aussi en avant l'efficacité de la présence humaine dans la parcelle. Bien qu'elle soit lourde à mettre en œuvre, c'est la meilleure stratégie de lutte lors des pics de fréquentation, à l’aube et au coucher du soleil (moment où l’activité des oiseaux est la plus importante).
La protection des parcelles, en utilisant des méthodes habituelles (effarouchement) ou plus prospectives (couvert, bandes attractives), donne à l’heure actuelle des résultats contrastés suivant la pression des oiseaux.
En cas de dégâts, que dois-je faire ?

Les dégâts, avant la levée, liés aux oiseaux ne sont pas faciles à diagnostiquer. Ensuite, il est possible de distinguer les dégâts provoqués par les corvidés d’une part et les colombidés d’autre part. Les premiers peuvent déterrer les graines voire tirer les tiges : c’est le nombre de pieds/m² qui sera impacté. Les seconds attendent la levée pour consommer les cotylédons (le pied n’est pas condamné) voire sectionner les tiges (perte de pieds). C’est pour cela que les dégâts d’oiseaux sont une cause majeure des défauts de peuplement. Néanmoins, ils ne doivent pas faire oublier d’autres facteurs : des ravageurs comme les taupins et les limaces peuvent causer des pertes de plants et l’implantation du tournesol est techniquement exigeante tant au niveau de la préparation que du semis.
Comme nous l’avons vu, la nuisibilité des prélèvements occasionnés par les oiseaux est variable et fonction de l’espèce et de la surface touchée. En effet, les dégâts sur cotylédons ne portent pas à conséquence. Les plants repartiront sans impact sur le rendement. Toute décision de resemis doit s’appuyer sur un diagnostic à la parcelle certifiant la disparition des plants (manques ou tiges coupées) et son impact sur le peuplement : la nuisibilité est certaine au-delà d’un plant manquant sur 5, même bien répartis.