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griculteurs entre l'Eure et l'Orne, Christophe Vandewalle et Christophe Marmion sont tous les deux adhérents du GIEE 3 vallées. Parmi les différents travaux de ce groupement, figurent notamment les couverts permanents. « Je suis convaincu qu'il faut couvrir les sols, mais les difficultés à l'implantation ont été récurrentes ces dernières années », remarque Christophe Marmion. Avec les couverts permanents de légumineuses, l'idée via une installation plus longue est de maximiser les bénéfices agronomiques qui peuvent être apportés par ces couverts : apport d'azote, lutte contre les adventices, meilleure structuration du sol...
Notre agriculteur @Amazone se fait la main,dans ce précédent #colza sous couvert de #luzerne.
— Olivier COSTE (@OlivierCOSTE2) October 13, 2021
Ce matin @BONNIN1402,c’est aussi un semis sur les plateaux superficiels de #Bourgogne #Yonne #blé #Semis2021 #BasCarbone. pic.twitter.com/qO49iva0BG
Pourquoi utiliser la luzerne comme couvert permanent ?
Pour se lancer, Christophe Vandewalle s'est notamment inspiré du système d'Hubert Charpentier, qui pratique le semis direct sous couvert depuis plus de 40 ans. Ainsi sa rotation est désormais basée sur 4-5 ans : « je démarre par un pois, puis un colza pour éliminer au maximum les graminées dans les parcelles », indique l'agriculteur. Le couvert permanent de luzerne est semé en même temps que le colza pour qu'il ait le temps de s'implanter et qu'il soit bien vigoureux pour le semis de blé suivant. Après la moisson de ce blé, « le couvert reste en place et on peut faire un deuxième blé, voire une troisième paille ensuite (blé ou orge). »
L'agriculteur démarre avec la luzerne à chaque fois sur un colza, un moyen aussi de réaliser la transition progressivement : « on aura fait le tour en 4 ans environ », précise Christophe Vandewalle. Pourquoi choisir la luzerne ? Et pas du sainfoin, du lotier... ? « J'ai fait des tests en bandes de 24 m la première année, et la luzerne me plaît particulièrement avec son système racinaire puissant. De plus, ce dernier n'est pas dans le même horizon que celui du blé. Si la luzerne reste en place trois ans, elle a le temps de faire ses racines et je me dis que cela crée ainsi une autoroute pour les racines de blé lors de la rotation suivante », explique Christophe Vandewalle. « Pour l'instant, je me concentre donc sur la luzerne et je continue à me documenter, je changerai peut-être d'avis un jour... »
Retrouvez l'intégralité de l'interview réalisée par Ver de Terre Production en vidéo (cliquez sur le curseur pour lancer la lecture) :
Bien maîtriser le couvert permanent
« Comme le couvert est déjà en place à l'implantation de la culture suivante, il limite la levée des adventices en théorie. Des économies de désherbage sont alors possibles dans des systèmes, équilibrés, où la légumineuse est bien conduite », note le GIEE Magellan, basé dans la Nièvre, dans son guide Semis direct : du couvert annuel... au couvert permanent.
> Dans les Pays de la Loire, ils testent les doubles couverts pour réduire le recours aux herbicides
Retrouvez aussi le guide Magellan > Semis direct : du couvert annuel... au couvert permanent
« Le couvert permanent permet de maintenir un habitat propice aux auxiliaires de culture. Malheureusement, il peut également servir d'abri pour les ravageurs comme les campagnols. » Christophe Vandewalle attire aussi l'attention sur l'importance de bien maîtriser le couvert pour ne pas qu'il concurrence la culture en place, notamment au niveau des éléments nutritifs du sol.
Sur son exploitation, il a notamment fait le choix de la variété de luzerne Luzelle, car « elle démarre beaucoup moins rapidement au printemps et dispose d'un port plus étalé, donc elle est moins envahissante ».
8 kg/ha de luzerne dans le colza à 8 €/kg = 64 €/ha.
Pour diminuer les coûts, il prévoit de faire ses propres semences de luzerne. « Après, même si je dois acheter de la semence, 64 €/ha divisés par 4 ans (= 16 €/ha), ce n'est pas non plus une aberration par rapport à un couvert annuel (facilement 30 €/ha) », explique l'agriculteur.
Exemple d'itinéraires techniques
En agriculture de conservation des sols depuis plus de 6 ans, Christophe Marmion travaille, lui aussi, sur les couverts permanents et teste notamment un mélange composé de luzerne et de trèfle blanc nain. Il nous explique ses itinéraires techniques pour le colza et le blé suivant : « l'implantation du colza (5 kg/ha) est réalisée début août, avec 7 kg/ha de luzerne et 2,5 kg/ha de trèfle. Un passage de Novall (2,5 l/ha) permet de conserver le couvert permanent et de limiter le salissement au départ, en attendant que les couverts et la culture couvrent bien le sol. » « Suivant le salissement après, il est possible de faire un Kerb vers le 15 novembre si besoin, poursuit-il. Du côté des apports d'azote, environ 150-160 unités, pas plus, sinon cela peut être préjudiciable pour les légumineuses. » Pour les autres interventions, l'agriculteur note généralement « un passage fongicide et les insecticides, vraiment en ultime recours ». Son objectif de potentiel de rendement : autour des 30 q/ha.
Après la moisson du colza, il broie les cannes, et en même temps, les adventices présentes. « Cela permet de redynamiser aussi la luzerne. » Pour le blé suivant, il vise un potentiel de rendement de 65 q/ha. Au moment du semis de la culture (octobre), l'agriculteur a ensuite recours au glyphosate (1,5 l/ha) pour « détruire les adventices et calmer le couvert permanent ». Parmi les autres interventions de la campagne, 1 passage herbicide en post-semis, 140 u d'azote maximum et 1 fongicide... Et Christophe Marmion teste aussi les macérations de plantes (orties) : 3 passages au moment des différents stress pour la plante, après le passage d'un anti-graminées, en sortie d'hiver et au stade dernière feuille étalée.
Plus d'informations encore avec l'interview complète de Christophe Marmion (cliquez sur le curseur pour démarrer la lecture) :
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