« Et vous, avez-vous déjà engagé des volumes de votre récolte de blé tendre 2024 ? » C’est ce que nous vous demandions mi-décembre, alors que 25 % de nos lecteurs indiquaient avoir engagé une partie de leur récolte 2024. À l’instar de Lionel, qui précise sur Facebook qu’il a engagé 60 tonnes, à 220 €/t.
Mais la question fait plutôt rire Yann - « …lol…Faudrait déjà finir de semer... » -, rejoint par Jack : « On a eu du mal à semer et il lève tout juste, difficile de s’engager ». « Je vais vendre pour 2035 je pense », surenchérit « Earl VMetfils ».
« Attendre que ça remonte à 300 », lance Mat, mi-figue mi-raisin, évoquant la chute de presque 100 €/t des prix du blé en un an. « On ne vend jamais à la baisse !! C'est juste pour faire paniquer les gens », s’agace de son côté Damien.
« Vendre 2024 alors que les blés ne sont pas semés ? Je n'ai encore strictement rien vendu de 2023. J'attends que les cours montent au niveau de mon coût de production. Un jour peut-être », développe de son côté « Duquel » en commentaire à notre article.
Il poursuit, amer : « Les conditions climatiques sont catastrophiques, entre les blés non semés et pourris, les colzas asphyxiés, les orges d’hiver jaune fluo et encore pas désherbées... (au 15 décembre, NDLR). Du glyphosate est prévu au printemps pour des champs foutus. Et l'hiver n'est encore pas passé ».
Agriculteur en Charente-Maritime et confronté aux inondations de cet automne, Éric n’avait alors pas non plus pu commencer à semer son blé. Il commentait : « Pas l’habitude de vendre ce qui n’est pas encore semé… Ni récolté… Pérette et le pot au lait… ». « Moi 100 % de semé et 80 % de beau (…), après c’est sûr que s’il n’y a rien de semé il ne faut pas engager », appuyait Arnaud, basé en Eure-et-Loir.
« Avec les rendements médiocres attendus et un prix inférieur à 200 €/t, vaut mieux rester au lit », déplore Daniel sur Facebook. Il se souvient : « En 1983, j’ai vendu à 232, si on compte en euros. (…) À l’époque les charges étaient bien moindres et les marges étaient bonnes ». Christophe ajoute : « En plus, les primes Pac (sont) en baisse… Ça va faire mal ».
Yannick explique que lui non plus n’a rien vendu de sa récolte 2023, que pour 2024 « c’est pas gagné » et qu’au vu des coûts de production élevés, il préfère, comme beaucoup, attendre que les cours remontent.
Ce à quoi les experts de Piloter sa ferme, spécialisés dans l’aide à la commercialisation des grains, répondent : « Quand les coûts de productions sont élevés, on sécurise. »
« L’humain regarde dans le rétroviseur et espère toujours un futur meilleur, analysent-ils. Généralement ça se termine toujours mal quand on joue au poker à sa récolte ! Une stratégie de commercialisation et un cadre de gestion permettent d’éviter ce type de situation. ».