L'américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, engagés dans un bras de fer commercial depuis le retour du premier à la Maison Blanche, doivent se rencontrer jeudi en Corée du Sud, pour la première fois depuis 2019.
Sur le marché de Chicago, le blé, le maïs et le soja étaient en hausse sur une semaine, entraînant les cours européens. Le soja notamment a atteint son plus haut niveau depuis plusieurs mois.
« Le marché est porté par l'espoir d'un accord commercial avec la Chine, tout le reste passe au second plan », résume Rich Nelson, analyste pour la maison de courtage Allendale.
Le secrétaire américain à l'Agriculture a aussi annoncé un programme d'achat par le Japon de 8 milliards de dollars de produits agricoles américains, ajoute-t-il. Il reste toutefois dubitatif sur la portée de cette transaction : « je ne suis pas sûr qu'il y ait réellement de quoi se réjouir.
L'an dernier, le Japon avait acheté pour 12 milliards de dollars de produits agricoles, dont 8 milliards de produits de base ».
Alors que la Chine avait absorbé en 2024 la moitié des exportations de soja des Etats-Unis, Pékin a imposé une surtaxe de 20 % sur la graine oléagineuse américaine, en rétorsion à des mesures douanières de Washington.
« Rachats de fonds d'investissement »
Après un repli des commandes, le mois de septembre n'a ainsi pas vu du tout de mouvement de soja américain vers la Chine, une première depuis sept ans et leur précédent conflit commercial, selon des données douanières analysées par Commerzbank.
Ce week-end, le secrétaire américain au Trésor a assuré que Pékin avait accepté des achats « substantiels », à l'issue de discussions préparatoires à la rencontre au sommet. Pour autant, les analystes interrogés par l'AFP se veulent prudents.
La hausse des cours est « fragile », souligne Edward de Saint-Denis, de la maison de courtage Plantureux & Associés : « les acheteurs sont dans le "wait and see". Le mouvement de hausse est principalement engendré par des rachats de la part de fonds d'investissement, pas tellement par les opérateurs eux-mêmes ».
« Ce qui les rend prudents également est que même si la Chine se rabiboche avec les États-Unis, le retard des exportations américaines est tel qu'il faudrait exporter un sacré paquet, et ils ne pensent pas que la Chine jouera le jeu jusqu'au bout », ajoute-t-il.
Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media, parle de « sur-optimisme » : « le marché américain est monté d'abord sur le soja, et les céréales par sympathie avec le soja. Le marché a acheté la rumeur (d'un accord), maintenant il faut voir quelle sera la réalité de l'accord ».
En Europe aussi, sur les marchés, « cet élément prend le dessus sur tous les autres, » ajoute l'expert, alors que sur Euronext le maïs ou encore le colza étaient à la hausse sur une semaine.
Impact de maladies animales
Ce moment suspendu arrive dans un contexte par ailleurs attentiste. M. de Saint-Denis relève l'impact de maladies animales en cours en Europe, qui freine la demande à long terme pour l'alimentation animale.
Pour le blé, le marché attend de voir quelles seront les récoltes de l'hémisphère Sud, en qualité et quantité. La moisson doit débuter dans les jours à venir en Argentine et Australie, et s'étaler jusqu'en décembre.
Pour le maïs, les récoltes sont en cours au Nord, avec des doutes apparus sur les rendements du maïs américain, victime par endroits de maladies sécheresse.
« On s'attend à ce que la récolte de maïs soit moins importante » que prévu aux Etats-Unis, ce qui soutient les cours, souligne Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial.
Mais « la question est : de combien ? », ajoute-t-il, alors que la paralysie budgétaire prive les acteurs de toutes données officielles.
Selon l'analyste, le « shutdown » commence à peser sur le marché et « augmente considérablement le risque d'une grande surprise lorsque l'USDA (le ministère américain de l'Agriculture, NDLR) publiera enfin ces résultats ».
Quant au maïs européen, les prix sont soutenus également par les retards dans les récoltes ukrainiennes du fait d'intempéries, favorisant dans l'immédiat à l'export le blé français.