Depuis la mi-décembre, des pluies sont tombées abondamment sur une grande partie du territoire nord-est, enregistrant des écarts de précipitations importants par rapport aux normales saisonnières (cf. carte).
Ces excès d’eau ont favorisé le ruissellement et ont entraîné l’accumulation d’eau dans certaines parcelles. Les zones les plus concernées par ces aléas climatiques sont bien évidemment les sols ayant reçu de grandes quantités d’eau en peu de temps, mais aussi les sols hydromorphes (Bourgogne-Franche-Comté, secteur de la Champagne humide, secteur de la Brie, Lorraine), et enfin les sols avec une zone tassée en surface (visible dans les tournières notamment) ou en profondeur ce qui limite l’infiltration dans le sol.
Impacts physiologiques de l’excès d’eau sur la culture de pois
Sur des semences non levées, un sol gorgé d’eau entraîne l’asphyxie et la pourriture des graines de pois, rendant la levée impossible. Sur de jeunes plantes, une saturation en eau entraîne la perturbation du fonctionnement du système racinaire et des nodosités. En état de sous-alimentation en azote, les plantes jaunissent et s’atrophient.
Une pénalisation de la croissance pour le colza
Ces fortes précipitations entraînent une anoxie* racinaire dont le colza est très sensible en hiver et au redémarrage en végétation. En effet, l’excès d’eau pénalise le redémarrage des plantes en limitant la croissance aérienne et surtout racinaire. La plante prend alors une couleur rougeâtre.
L'excès d’eau bloque l’absorption des nitrates et provoque une fermentation des racines qui produit de l’éthanol s’accumulant dans les feuilles.
Cette accumulation perturbe le fonctionnement de la photosynthèse (cf graphique) et pénalise le redémarrage les plantes en limitant la croissance aérienne et surtout racinaire. La plante prend alors une couleur rougeâtre.
Par la suite, ces défauts d’enracinement diminueront : l’exploration racinaire, la valorisation des ressources du sol et des engrais et les capacités de compensation en cas d’accidents climatiques (stress hydrique) ou d’attaques de ravageurs au printemps (méligèthes).
Si l’excès d’eau dure trop longtemps, le système racinaire pourrit et les pieds disparaissent.
Quels impacts aujourd’hui ?
Il est encore trop tôt pour juger de l’impact de ces fortes précipitations sur la croissance du colza, d’autant plus que depuis quelques jours, sur certains secteurs, nous observons une atténuation des zones d’accumulation d’eau dans les parcelles.
Malgré tout, il est urgent que les parcelles concernées (limon froid et battant) se ré-assainissent rapidement. La vigilance restera de mise jusqu’au redémarrage de la plante.
* L'anoxie désigne le manque d'oxygène d'un milieu. Lorsque l'environnement est dit anoxique, c'est que la réduction d'oxygène est telle qu'il y a asphyxie