Le mois de janvier doux a permis un bon développement des cultures. Les cultures étaient donc assez développées, et moyennement endurcies à l’arrivée de la neige et des températures glaciales de ce mois de février. Pour rappel, la capacité de résistance au froid des protéagineux dépend de différents facteurs liés à l’espèce, la variété, la date de semis ainsi que les conditions hivernales.
Selon les secteurs, les températures ont pu descendre jusqu’à - 14°C, températures qui, théoriquement, au vu du stade avancé des cultures et de l’arrivée brutale du froid, auraient pu provoquer quelques dégâts.
État des lieux
Une première tournée a été réalisée entre le 5 et le 7 mars afin de réaliser une notation des dégâts de gel une semaine après l’épisode glaciaire. Nous avons également observé la présence ou non de maladies. Les notes suivantes ont été utilisées comme échelle de dégâts observés sur la plante dus au froid :
Note 0 | Aucun dégât |
Note 1 | Bord des limbes touché |
Note 2 | Limbes touchés sur une plus grande surface |
Note 3 | Dégâts partiels sur tige (1/3 supérieur de la plante) |
Note 4 | Dégâts importants sur tige (3/4 supérieur de la plante) |
Note 5 | Appareil aérien entièrement brûlé |
Dégâts de gel
De manière générale, peu de dégâts de gel ont été observés. La majorité des parcelles de pois visitées ne présente que peu voire aucun dégât. Seules les parcelles où les pois étaient les plus développés (7 feuilles) présentent des symptômes de gel sur les parties basses des tiges.
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Pois d'hiver note 1 | Pois d'hiver sain - stade 5 feuilles | Pois d'hiver racines saines - note 0 |
Peu de dégâts sont observés sur les pois d'hiver. (©Terres Inovia)Les féveroles marquent beaucoup plus facilement : la grande majorité présente des bouts de feuilles noircis, mais sans conséquence sur le développement futur des plantes. En revanche, certaines parcelles plus touchées présentent des plantes affaiblies, terrain favorable au développement du botrytis.
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Féverole d'hiver racines saines (note 1) | Féverole d'hiver botrytis (note 2) |
Les féveroles d'hiver semblent plus affectées que les pois d'hiver. (©Terres Inovia)
Point maladies
Les pois sont globalement très sains. À noter cependant la présence de début de bactériose sur les parcelles les plus développées, donc potentiellement semées précocement (octobre ou tout début novembre). Concernant les féveroles, la majorité des parcelles présente quelques tâches de botrytis, mais sans inquiétude pour le moment. Seules les parcelles les plus touchées par le froid (note 3) présentent une pression inquiétante de maladie.
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Pois d'hiver - Symptôme de bactériose | Féverole d'hiver - Tâche de botrytis (note 3) | Féverole d'hiver - Tâche de botrytis |
Quelques symptômes de maladies sur pois et féverole d'hiver (©Terres Inovia)
Que faire ?
La grande majorité des parcelles semble sortir indemne de cet épisode de froid. Si néanmoins vous observez des dégâts inquiétants (à partir de la note 3 + présence de maladie) dans vos parcelles, une seconde notation sous une semaine apparaît nécessaire afin d’affiner votre diagnostic en ayant ces questions en tête (les dégâts de gel et de maladies s’exprimant au cours du temps) :
- Combien de plantes/m² sont encore viables ?
- Leur répartition est-elle homogène dans la parcelle ?
- Quelle rentabilité attendue ?
- Semble-t-il nécessaire de retourner ma parcelle, et si oui, quelle culture de remplacement ?
Les seuils de retournement préconisés sont les suivants (source note Arvalis – Institut du végétal – UNIP, mars 2005) :
- En pois d’hiver, le seuil se situe autour de 20-25 plantes par m². Moins de 15 plantes/m² augmentent le risque de salissement important et les difficultés de récolte.
- La féverole d’hiver présente une capacité de compensation importante car elle est capable de mettre en place de nombreuses ramifications : le seuil de retournement est de 7-8 plantes/m². Le risque de salissement est là aussi très important.
- Pour le lupin d’hiver, en conditions agriculteur, des peuplements très clairs (10 plantes/m² voire moins) dans des parcelles conservées propres ont pu atteindre des rendements de 20-25 q/ha. (Sources Arvalis-Institut du Végétal – Jouffray Drillaud – Chambre d’agriculture du Morbihan).
Cultures de remplacement
Si le retournement semble inéluctable, voici quelques clés de remplacement en fonction du désherbage réalisé :