Les superficies françaises en tournesol, dont l'Ukraine était le premier producteur et exportateur mondial avant la guerre, ont augmenté 33,5 % en 2022 par rapport à la moyenne quinquennale (2017-2021), a indiqué Marine Raffray, agro-économiste auprès des chambres d'agriculture lors d'une conférence de presse.
??Conférence de presse : situation de l’agriculture française, un an après la #GuerreEnUkraine
— Chambres d'agriculture France (@ChambagriFrance) February 14, 2023
??État des productions
« Les productions de soja, oléagineux, tournesol ont augmenté alors que les productions #animales ont reculé en 2022 et cette tendance s’accentue en 2023 » pic.twitter.com/CsEAcfj4TT
En 2021, l'huile de tournesol était le premier produit d'exportation de l'Ukraine, qui en assurait seule 50 % du commerce mondial. Une part qui va nettement diminuer du fait d'un recul des surfaces semées de 35 %. En France, le choix du tournesol a été dicté par les prix record atteints par l'oléagineux sur les marchés : jusqu'à 1 000 euros la tonne au printemps 2022 sur les ports français et aujourd'hui à moins de 600 euros la tonne, ce qui reste élevé par rapport à des prix inférieurs à 500 euros début 2021.
« On constate une hausse des protéines végétales, avec une augmentation de 13,4 % de la superficie en soja », indique l'agro-économiste. En revanche, la superficie en blé tendre, pour la farine et le pain, diminue légèrement (- 2,8 %), celle de blé dur (pour les pâtes et la semoule) nettement (- 15,9 %), de même que celle du maïs irrigué (- 18,5 %). La culture des betteraves sucrières est également en repli (- 10 %). Ces replis sont en partie le reflet d'arbitrages des agriculteurs du fait de la flambée des prix de l'énergie et des engrais, notamment pour des cultures irriguées qui ont aussi beaucoup souffert de la sécheresse record de l'été 2022.
Alors que les prix des engrais ont reflué ces derniers mois tout en restant très élevés, Marine Raffray a relayé l'inquiétude des producteurs de voir les prix des céréales baisser plus vite sur les marchés que leurs coûts de production. « Ce qui déterminera les prix en 2023 sera la poursuite ou non du conflit en Ukraine, les annonces des producteurs de pétrole et la croissance chinoise ».
Dans un contexte mondial tendu, où le nombre de personnes sous-alimentées augmentent, le président des chambres d'agriculture Sébastien Windsor a regretté ne voir « aucune politique européenne axée sur la reconquête de la souveraineté alimentaire », déplorant de voir s'accumuler les « contraintes », notamment concernant les produits phytos et la concurrence avec d'autres marchés.