[Interview] Agriculteurs reporters
« Agritechnica est un salon futu-réaliste » : deux agriculteurs racontent

« Agritechnica, c’est un salon futu-réaliste. Le tracteur qui a 100 ch de plus que le précédent n’intéresse plus l’agriculteur d’aujourd’hui », estime David Mascaras, céréalier en agriculture conventionnelle dans le Gers (32). Avec Gaël Blard, maraîcher et éleveur en agriculture biologique dans la Drôme (26), il s'est rendu au salon Agritechnica les 13 et 14 novembre 2019. Pour les lecteurs de Terre-net, les deux producteurs racontent leur expérience, agrémentée de photos et de vidéos qu'ils ont prises pendant l'événement. Ils ont des méthodes de travail différentes mais une même vision du machinisme : l’avenir s’écrira avec les nouvelles technologies

Terre-net (TN) : Avant d'aller au salon Agritechnica, quelles étaient vos attentes et que souhaitiez-vous voir l'un comme l'autre ?

David Mascaras (DM) : Je suis passionné par les nouvelles technologies. Je souhaitais donc découvrir les ambitions des constructeurs de machines agricoles dans ce domaine. 

Gael Blard (GB) : Je suis amateur de salons agricoles et je venais avant tout pour mettre des images sur les nouveautés annoncées par les fabricants. Je voulais également me rendre sur les stands de matériels spécifiques en lien avec les cultures de mon exploitation, comme Erme qui propose des récolteuses de plantes aromatiques.  

 

À l’arrivée sur le salon, même impression pour les deux agriculteurs : « C’est immense ! »

En vidéo, suivez la visite de Gaël Blard au salon Agritechnica, comme si vous y étiez :


Cliquez sur le curseur pour lancer la vidéo.


TN : J’imagine que vous avez fait beaucoup de découvertes. Qu’est ce qui a retenu le plus votre attention ? 

DM :  Sur les stands des tractoristesClaas, John Deere ou encore New Holland, il y avait des tracteurs floqués pour symboliser leur partenariat. J’ai découvert l’interface Data Connect,  grâce à laquelle il sera possible de mettre commun les données et de les comparer entre elles ! Une réelle avancée qui a mis pas mal de temps à voir le jour. Il faut que les constructeurs continuent de travailler ensemble pour apporter des solutions aux agriculteurs.   

GB : J’ai été surpris par la représentation des outils de désherbage mécanique. On sent que les solutions alternatives commencent à se démocratiser dans les itinéraires culturaux. J’ai également apprécié que les constructeurs exposent des gammes complètes, pas uniquement du grand matériel. 

DM : Le stand John Deere m’a frappé par sa dimension futuriste. La marque ne s’arrête pas à un concept, mais donne une vision de globale de l’agriculture de demain et en même temps, ça reste terre à terre. Ce sont des solutions qui seront accessibles dans les 10 prochaines années.
 

TN : Pourriez-vous envisager de vous équiper avec ces outils dans vos exploitations respectives ?

DM : Je pense que les drones feront bientôt leur entrée dans la ferme. Avec la Cuma, nous y réfléchissons, mais il faut attendre que l’offre se démocratise. Sur les stands, les modèles des sociétés chinoises semblent intéressants financièrement mais si le service après vente en concession ne suit pas, j’émets des réserves. 

GB : J’ai été voir la start-up française Naïo Technologies, que j'avais déjà rencontrée lors d’une démonstration de binage d’ail cet été. Leur robot désherbeur répond aux besoins des agriculteurs pour palier au manque de main-d’œuvre. Certes, la solution a un coût mais dans des exploitations comme la mienne, je paie 3 000 h de désherbage manuel d'avril à septembre, ce qui est élevé également. En revanche, les aspects techniques doivent être améliorés comme la résistance de la batterie et la fluidité des demi-tours.

DM : Je pense que le prix est un faux problème. Un drone pour les traitements localisés, c'est de l’argent qu’on ne mettra pas dans un plus gros tracteur. C’est une question de choix. Bien sûr, c’est plus facile d’appréhender ce type d’investissement à plusieurs.

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TN : Retournerez-vous à l'Agritechnica ?  

DM : Ce fut une bonne expérience mais s'il n’y a pas plus d'interlocuteurs français, ça ne vaut peut-être pas le coup d’y aller tous les deux ans. Ce salon fait rêver mais ne donne pas assez d’informations techniques pour répondre à nos interrogations. Quant à ma rencontre avec Gaël, le second "agrireporter" de Terre-net, elle a été très enrichissante.

GB : J’y retournerai. Agritechnica et le Sima sont complémentaires. L’un dévoile toutes les grandes nouveautés, l’autre donne accès à des données techniques en français. J’ai aussi fait de belles rencontres comme l’équipe d'Agrisem. D'ailleurs, ils vont faire une démonstration de déchaumeur à disques indépendants au sein de mon exploitation.

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