L'implantation du colza comporte trois grands enjeux :
- Esquiver les dégâts d’adultes de grosse altise en obtenant un colza à plus de 4 feuilles à l’arrivée des adultes sur la parcelle fin septembre ;
- Favoriser une croissance active tout au long de l’automne ;
- Permettre un enracinement en profondeur, sans obstacle sur 15 cm au moins.
Clé n°1 - Préparation du sol : préserver l’humidité en intervenant dès la récolte des céréales
Ce qu'il faut obtenir :
- Un mélange de terre fine et petites mottes en surface pour optimiser les conditions de germination ;
- Une structure permettant un enracinement en profondeur, sans zone de tassement sur au moins 20 cm ;
- Maintenir au maximum l’humidité du sol pour assurer une bonne installation de la culture.
Si les travaux du sol sont tardifs on se retrouve vite en situation de grande difficulté pour le semis dès que la pluviométrie est limitante au moins d’août. Le choix du type de travail du sol et des outils à utiliser aura été déterminé en amont par un diagnostic de la structure du sol en amont de la récolte des céréales (en mai-juin).
En pratique :
- Intervenir aussitôt après la récolte du précédent et réduire le travail du sol au strict nécessaire, que ce soit le nombre de passage comme la profondeur de travail, afin d’éviter les dessèchements de surface.
Bon courage à ceux qui sont sur les bécanes à fond dans la récolte, pour ma part c'est préparation des colzas 2024 👌 pic.twitter.com/lhQv4lysST
— Thomas (@toto_bricolo) July 11, 2023
- Eviter la formation de mottes en intervenant dans des conditions d’humidité adaptées.
- Quel que soit le travail du sol, veiller à assurer une répartition homogène des pailles dans le profil, et éviter la présence de résidus sur la ligne de semis.
- Eviter au maximum les interventions répétées, en particulier dans les 15 jours avant le semis.
- Bannir les outils animés. Le semis combiné avec herse rotative ou outil animé est à proscrire pour l’implantation du colza : le risque de dessèchement du sol par évaporation accompagné souvent d’un excès de terre fine et/ou de micro-mottes selon la texture du sol est important. De plus, ces passages forment souvent une zone de compaction autour des 5 cm de profondeur qui pénalise l’enracinement à l’automne.
L'institut technique rappelle : pour les sols bien structurés en profondeur, un simple travail superficiel est tout à fait envisageable En revanche, pour les sols sensibles au tassement, souvent accentué par le passage des engins à la récolte, un travail en profondeur sera indispensable.
Un roulage après chaque action est fortement recommandé pour limiter l’assèchement dû à l’évaporation. L’objectif est de favoriser la réhumectation en cas de pluie, de limiter l’évaporation et d’avoir un sol rappuyé.
Clé n°2 : être prêt à semer tôt, même dans le sec, dès les premiers créneaux favorables
Un fois le sol préparé, le déclenchement du semis sera conditionné par l’annonce d’une pluie durant le mois d’août. Une pluie de 5-10 mm, sur un sol correctement préparé et bien rappuyé, est suffisante pour assurer la levée. Semer après la pluie, c’est assécher le sol au niveau de la graine par l’élément semeur mais c’est également courir le risque de passer à côté de celle qui fera lever la culture au plut tôt
Passé la plage de semis optimale, notamment lors d’absence totale de pluies annoncée, (comme pour les implantations 22-23), la mise en place de la culture est bien entendu toujours possible mais il faudra être très vigilant aux dégâts de grosses altises adultes de la levée et jusqu’au stade 4 feuilles.
Profondeur de semis : raisonner en fonction de l’humidité dans les premiers centimètres du sol
- Si le sol est sec sur les 3 ou 4 premiers centimètres mais reste frais en dessous, semer jusqu’à 3-4 cm, afin de positionner la graine au contact de la fraîcheur.
- Si le sol est sec sur 5 cm et plus, semer à 2 cm dès lors qu’une pluie de 7-10 mm est annoncée pour favoriser une germination rapide : la graine germera dès que le sol sera réhumecté. On considère que 1 à 2 mm de pluie sont nécessaires pour réhumecter 1 cm de sol. Si les précipitations sont inférieures aux 7-10 mm annoncés et s’il n’y a pas de relais de pluie dans les jours qui suivent, il y a un risque de dessèchement du grain en cours de germination. Cette situation peut conduire à la perte de pieds : c’est la situation la plus délicate.
Dans les situations où l’irrigation est possible, il ne faut pas se priver. Un apport d’une quinzaine de millimètres d’eau suffit, c’est l’assurance de faire lever le colza dans les meilleures conditions, sans pertes de pieds et au bon moment.
Eviter les surdensités : respecter une dose de semis comprise entre 30 et 40 graines/m² pour une implantation au semoir monograine à 60 cm d’écartement (35-45 graines/m² pour un écartement de 35-45cm).
Clé n°3 - Apporter du phosphore et un peu d’azote pour un démarrage rapide
Un sol bien pourvu en éléments minéraux dès le semis est décisif pour l’avenir du colza. La culture est exigeante en phosphore dès la germination et l’apport d’azote au semis permet un gain de biomasse aérienne en entrée d’hiver d’environ 550 g/m².
Phosphore : un apport au semis est recommandé car des carences, même modérées, contribuent à une réduction de croissance. Cet amendement doit être raisonné en fonction de la teneur du sol en phosphore du sol, de l’objectif de rendement et de l’historique des apports antérieurs. Seule une analyse de terre (à faire tous les cinq ans à titre indicatif) déterminera si le sol de la parcelle est pauvre ou bien pourvu en phosphore et permettra d’adapter la dose.
Azote : dans les parcelles à faible disponibilité en azote à l’automne, il est conseillé de réaliser un apport avant le semis, qu’il soit organique (fientes, lisiers, digestats, fumiers peu pailleux) ou minéral. Pour l’azote minéral, viser 10 unités d’azote en localisé ou 30 unités en plein, en veillant au respect de la Directive Nitrates.