Paroles de lecteurs
Les jeunes ne veulent plus s'échiner pour un revenu de misère !

 « Les chiffres sont parlants. Les jeunes ne veulent plus s'échiner pour un salaire de misère », déplore creusois.(©Fotolia // Création Terre-net Média)
« Les chiffres sont parlants. Les jeunes ne veulent plus s'échiner pour un salaire de misère », déplore creusois.(©Fotolia // Création Terre-net Média)

Selon moi-même, « il faudrait être maso pour s'installer agriculteur alors que les salariés sont aux 35 heures, avec des congés annuels, maladies, RTT, et des primes. Vous voudriez que les jeunes s'installent en agriculture pour galérer pendant des années ! Travailler jusqu'à plus d'heure en élevage, sans repos, avec des prix qui se cassent la g... (...). Et bientôt, ce sera pareil en céréales. Je l'ai bien présenté le tableau idyllique que certains croient faire avaler aux jeunes !! Vous avez intérêt à être exigeants les futurs installés car une fois dans votre ferme, difficile de revenir en arrière... »

« Et en même temps, on nous enfume avec la loi Égalim pour détourner de ce vrai drame : ces passions pour le métier d'agriculteur devenues de vraies misères. Et la France qui bientôt ne sera que friches... », enchaîne Rutabaga.

Installer un jeune, pour qu'il galère des années, quelle responsabilité !

CatherineC Fouet va même plus loin : « Installer un jeune en agriculture, quelle responsabilité ! On sait pertinemment qu'il aura du mal à en vivre. Les investissements qu'il aura à faire, sa vie entière ne suffira pas à les rembourser. Dans ces chiffres, les transfert entre époux, car généralement la femme est plus jeune, repoussent d'autant les installations. Je pense effectivement que des terres cultivables vont retourner en friches !! »

« Que le début de la lente érosion des installations »

« Les chiffres sont parlants. Les jeunes ne veulent plus s'échiner pour un revenu de misère, répète creusois. À noter la baisse importante des installations en Île-de-France, pourtant région à fort potentiel agronomique. Sauf que c'est la région où il y a le plus de détracteurs du métier. Lorsque l'on pense qu'un éleveur des Yvelines a dû passer par la case justice pour s'installer en lait bio... »

« Je fais partie de ceux qui veulent s'installer en Île-de France, poursuit Marine. mais impossible vu le prix de l'hectare (...). Donc oui, il y a des candidats à l'installation. Si vous avez une adresse de ferme à reprendre, je suis intéressée car la Safer... compliqué. C'est pire qu'un entretien d'embauche et, dans la région, ils ont du mal à voir autre chose que du blé (dans tous les sens du terme) »

Elles baissent même dans les régions à fort potentiel agronomique.

« Le taux de renouvellement des générations agricoles ne veut strictement rien dire en l'état, estime Bcts. La moitié des installations sur moins de 20 ha, ça signifie en gros que le taux de renouvellement est surévalué, il est sûrement plus proche de 1,5 %. Sur une carrière de 45 ans, ça fait seulement 70 % de reprises d'exploitations. (...) »

« Ce n'est que le début de la lente mais sûre érosion des installations agricoles..., confirme Paul. On se donne rendez-vous dans 10 ans et on refait le point. Merci l'agro-industrie, la politique, la mondialisation dévastatrice. Quant aura-t-on un (des) syndicat(s) comme celui des médecins qui défend(ent) bec et ongle sa corporation ? »

« Le problème : les prix des produits agricoles »

tracteur4, encore plus radical : « Notre métier est voué à disparaître avec toutes les normes environnementales à appliquer, les prix des intrants qui ont fortement augmenté, les matériels et pièces détachées je n'en parle même pas... Dans de telles conditions, je ne vois pas comment un jeune peut s'installer et sortir un salaire. C'est lui mettre la corde au cou. »

100 000 paysans en moins, ce ne sera pas dans 10 ans !

Rémi est du même avis : « (...) Entre les départs en retraite d'exploitants agricoles, ceux qui vont être forcés d'arrêter et les non-reprises de fermes, les 100 000 paysans en moins, ça ne sera pas dans 10 ans ! »

« Le GNR, c'est une goutte d'eau dans l'océan à côté de l'engrais. .., juge toutoune. Quel est le rapport entre la cupidité de certains et la non-installation des jeunes en agriculture ? Le principal problème, quelle que soit la production, le système ou la région, ce sont les prix de vente des produits agricoles. »

« Et pour avoir des prix décents, il faut au minimum la régulation des productions agricoles ! », renchérit PàgraT.

Quelques témoignages éloquents

« Sur ma ferme, témoigne-t-il, les équipements sont récents et payés, je répare tout moi-même et les emprunts pour l'achat des terres sont finis. Je vis sur le capital acquis mais tout le monde n'a pas cette chance. Si mon exploitation était à reprendre maintenant, le capital serait trop important pour un jeune à moins que celui-ci ci ait un apport financier d'au moins la moitié de la somme ou alors que ce soit un étranger fortuné. Il y a eu les friches industrielles dans les années 1990/2000. Dans un temps très proche, il y aura la ferme française en friche ! »

Autre témoignage de Louloudelabaule : « Fils d'agriculteur et pourtant passionné par l'agriculture, je suis heureux aujourd'hui de ne pas avoir repris l'exploitation familiale (bovins lait). Je suis aux 35 h en gagnant très bien ma vie, j'ai le temps de m'occuper de ma famille et même de monter sur le tracteur pour donner un coup de main aux copains agris dans les coups de bourre (ensilages, semis, moissons...). Que du bonheur !!! »

« Tu n'es pas si heureux que ça sinon tu ne passerais pas ton temps libre sur Terre-net.fr... », rétorque Momo.

Si c'était à refaire, j'irai à l'usine !

« Je me suis installé il y a six ans, raconte Loïc, avec des emprunts de 450 000 € environ. Aujourd'hui, je dois à la banque un peu plus de 500 000 €. Je rembourse tous les ans mais voilà, pas le choix, il a fallu que je renouvelle un tracteur et monte une nouvelle salle de traite. Alors je vais galérer au moins 10 ans de plus. Je conseille aux jeunes de faire bien attention et aussi de bien réfléchir avant car, une fois que t'as signé, t'as pas d'autre choix que d'aller au bout. Moi, si c'était à refaire, j'irais à l'usine, il paraît que le Smic est à 1 270 €, je suis jaloux... »

« Sans les aides Pac, la prime d'activité... »

« On n'est pas tous égaux mon pauvre Loïc !, déplore Hub. « Chez moi, tout est en location sur 42 ha, avec 32 VA, et je n'ai emprunté que 80 000 €, que j'ai remboursés en six ans, ajoute-t-il. Je perçois le Smic tout en bossant sans stress, 35 h/semaine. Il y a encore des solutions pour s'installer même s'il est vrai que les structures en location intégrale sont très rares. En tout cas, je ne suis pas jaloux de ceux qui bossent à l'usine... »

« En bio, vos VA ?, demande touco. Si elles ne sont pas bio, ça fait une moyenne à 750 €/vache de marge brute, soit 24 000 €. Votre smic brut, c'est déjà 20 000 €. Le fermage moyen d'une prairie : 115 €/ha, 4 830 €. Votre emprunt sur 7 ans (taux ?) : 11 428 € de capital + les intérêts. Il manque encore la MSA, les impôts et taxes diverses, les assurances... Bref, Hub, vous êtes en faillite. »

« Effectivement @touco, répond Hub, sans les aides Pac (DPB, MAEC bio, bovins allaitants...), prime d'activité, et cette année le crédit d'impôt HVE3 et les réformes que vous avez aussi oubliées, je suis en faillite. »

Pour être heureux dans son métier d'agriculteur, il faut gagner sa vie !

« Pour votre information, mais vous le savez très bien, à 750 €/vache, c'est Pac incluse, réplique touco. Vos aides MAEC, bio, bovins allaitants, HVE3 et autres, ne combleront jamais vos déficits annuels. » Il acquiesce : « vous êtes en faillite. »

« Je suis double actif. L'agriculture est un métier passionnant mais n'apporte pas un salaire digne. La notion de salaire est différente selon les personnes, mais pour moi ce n'était pas assez et surtout trop irrégulier. Comme @louloudelabaule et énormément d'agriculteurs européens, je partage mon temps entre deux activités et j'y ai trouvé mon équilibre. Pour revenir sur le sujet de l'installation, je crois qu'il faut faire un choix de tête et surtout pas un choix de cœur. Il faut gagner sa vie pour être heureux dans son métier. S'installer en agriculture, parce que c'était un rêve idéalisé mène à un chemin de croix », conclut ceres.

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