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« Plus de 50 % de mon exploitation se situe en zone inondable. Quand l’hiver est sec, pas de souci. Dès que la neige est présente en abondance dans le Jura et que l’hiver est humide, nous savons que nous allons être impactés. Mais aucune crue ne se ressemble », poursuit l’agriculteur.
Depuis qu’il s’est installé sur la ferme familiale en 1998, il assure chaque année toute son exploitation contre les risques climatiques par l’intermédiaire de sa coopérative, Bourgogne du sud. Elle a défini et pilote un contrat type avec Groupama mais le contrat de Damien reste bien individuel. Le risque inondation est couvert en Bourgogne, ce qui n'est pas toujours le cas ailleurs, la région étant pilote pour tester ce type d'assurance.
12 ha détruits suite aux crues de janvier
« Pour pouvoir s’assurer contre les aléas climatiques, il est obligatoire de l’être aussi contre la grêle. Il faut aussi couvrir l’ensemble d'une même culture et pas seulement certaines parcelles, rappelle l'agriculteur. Pour ma part, j’assure toutes mes productions (blé, colza, maïs, soja et pommes de terre) excepté mon activité maraîchage. Pour mes 130 ha, je paie environ 10 000 euros de cotisations annuelles pour la grêle et les aléas climatiques, en sachant que l’assurance pour l’activité multiplication de semences coûte plus cher. 4 000 euros sont pris en charge par la Pac, donc cela me revient à moins de 50 euros/hectare après déduction de la subvention », explique le céréalier.
L’assurance risques climatiques me revient à moins de 50 €/ha
« Cette année, nous avons subi deux crues du Doubs en janvier. Pour celle du début du mois, l’eau est restée cinq jours. Pour la deuxième, à la fin janvier, dix jours. Tout mon corps de ferme était sous 1,40 m d’eau, de même que la partie maraîchage où les serres n’étaient plus visibles », se souvient Damien qui n’avait pas connu de telles crues depuis 2001-2002.
Côté cultures, 20 ha de blé et 6 ha de colza se sont retrouvés noyés sous l’eau. Le reste des parcelles inondées n’était pas semé. Le colza qui résiste mal à deux submersions de suite a été totalement détruit ainsi que 6 ha de blé. « Pour les 14 ha de blé restant, j’ai décidé de garder la culture en place car il restait suffisamment de pieds au mètre carré en février, je verrai l’impact sur le rendement cet été. »
Un forfait resemis de 350 €/ha
En cas d’inondation et de destruction totale de la culture, son contrat multirisque climatique prévoit un forfait resemis de 350 euros/hectare : « Il n’y a pas de franchise, il s’agit d’un forfait établi dès le départ et qui est actualisé tous les ans. L’expert est donc passé et a constaté la destruction de 12 ha de colza et blé que je vais devoir resemer en maïs. Je toucherai les 4 200 euros dans les mois qui viennent », précise Damien. Pour le blé encore sur pied, tout se jouera à la moisson : « J’ai estimé mon rendement en blé à 8 t/ha. Si l’intégralité de ma culture de blé se situe en dessous de 75 % de ce rendement, je serai indemnisé. Mais si mes 14 hectares de blé inondés font 5 t/ha et les 28 autres, 10 t/ha alors je serai au-delà de ma franchise et pas indemnisé », précise le Bourguignon en espérant que son blé reprenne vite le dessus.
« En maïs semence, l’assurance aléas climatiques est obligatoire pour pouvoir mettre en place la culture. Je pense qu’elle devrait l’être aussi pour toutes les cultures car le système actuel ne peut pas perdurer. Les assureurs ne se retrouvent qu’avec les exploitations les plus à risques, ils devront à terme augmenter les cotisations et les exploitants qui sont à la limite de s’assurer ne le feront plus. On enterre le système », se désole Damien Collignon.
La femme de Damien, Aude, a posté des photos sur Twitter au moment des crues :
À navilly, une nouvelle semaine s’annonce encore bien humide, on enlève nos digues provisoires qui parfois nous protègent. Cette crue était trop haute. Bonne nouvelle Damien peut désormais accéder au plus haut de sa ferme en cuissarde, c’est toujours mieux qu’en barque. pic.twitter.com/MsMyh0tF4q
— Aude Pocchiola (@AudePocchiola) 29 janvier 2018
Alors des nouvelles du front de mon voyage en automoteur à la ferme environ 1m20 le Doubs monte encore et une super piscine à débordement @KINOU8409 pic.twitter.com/p6tPyJFggE
— Aude Pocchiola (@AudePocchiola) 25 janvier 2018
Retour à la vie normal, tout baigne dans tous les sens du terme, un couvert d’eau et ça monte encore mais le moral est là pic.twitter.com/vW8L8pQFDh
— Aude Pocchiola (@AudePocchiola) 7 janvier 2018