La campagne de tournesol 2021 a été marquée par des rendements moyens très élevés avec une moyenne nationale à 31,0 q/ha, valeur jamais atteinte jusqu’à présent dans les enquêtes sur les pratiques culturales en tournesol réalisées depuis les années 1990. Selon les statistiques d’Agreste, la campagne 2021 est une année record en termes de rendement moyen national.
Une place variée du tournesol dans les rotations
Le tournesol représente en moyenne 17 % de la SAU des fermes enquêtées en 2021*, taux stable par rapport à 2019. La diversification des rotations incluant le tournesol se consolide dans les différents bassins de culture. Mais les rotations courtes de type tournesol-blé (tendre ou dur) restent très présentes dans le Sud-Ouest (32 % ha) après une phase de recul.
Avec la ré-augmentation récente de la sole tournesol en Poitou-Charentes & Vendée ainsi que dans le Centre, les successions longues et diversifiées avec notamment du tournesol y sont majoritaires à ce jour.
Des couverts végétaux plus fréquents avant tournesol
La pratique du labour est en baisse tendancielle depuis deux décennies (52 % en 2021 contre 83 % en 2002), remplacé majoritairement par un travail profond (> 15 cm) avec un outil à dents. Les couverts végétaux implantés avant tournesol poursuivent leur progression. Ils sont implantés sur 41 % de la sole tournesol contre 35 % en 2019 et 10 % en 2009.
Les différences de pratique des couverts entre les bassins sont fortes : entre 67 % des surfaces dans le bassin Nord et 16 % dans le Sud-Ouest marqué par des sols argileux et des étés souvent secs. Les mélanges à base de légumineuses sont majoritaires suivis de ceux à base de crucifères et de phacélie.
Une date de semis précoce favorable à des rendements plus élevés
Les semis de tournesol 2021 se sont étalés essentiellement en avril (jusqu’à la première décade de mai dans le Sud-Ouest), période optimale de semis de la culture lorsque les conditions de température du sol et de ressuyage sont réunies. L’analyse des enquêtes pratiques réalisées par Terres Inovia entre 1996 et 2019 (sur treize campagnes) a mis en évidence un intérêt statistiquement significatif du semis précoce, avant la mi-avril, toutes choses égales par ailleurs, par rapport au rendement. Cette tendance est également observée sur la campagne 2021.
Ainsi, à condition de semer le tournesol sur un sol ressuyé et suffisamment réchauffé à 5 cm de profondeur (> 8°C) pour obtenir une levée régulière, les producteurs ont, en tendance pluriannuelle, tout intérêt à semer tôt le tournesol, c’est-à-dire avant le mi-avril, pour obtenir des rendements plus élevés et éviter (ou limiter) les éventuels frais de séchage, en particulier dans la moitié Nord de la France. La mesure de la température du sol au niveau du lit de semences est un indicateur utile pour optimiser cette date de semis.
Attention aux sur-densités de semis en écartement large entre rangs (> 75 cm)
Après une phase d’augmentation des densités moyennes de semis entre 2010 et 2019, en particulier dans le Sud-Ouest où elles étaient parfois trop faibles, les densités de semis moyennes ont peu évolué entre 2019 et 2021, la moyenne nationale s’établissant à 73 000 graines/ha. La proportion de surface sans manque recensé par l’agriculteur est de 30 % ha cette année contre une moyenne de 21 % sur la période entre 2009 et 2019. Ainsi les peuplements ont été plus réguliers que la moyenne, ce qui est un facteur clé de réussite de la culture.
Les densités de semis élevées (> 75 000 gr./ha) en écartement large entre rangs (> 75 cm), associées à un risque de verse plus élevé, restent présentes dans les pratiques, notamment en Poitou-Charentes. Les conditions dans l’ensemble arrosées de l’été 2021 ont limité les effets pénalisants possibles de densités levées élevées (> 60 000 plantes /ha) sur les terres à faible réservoir utile (argilo-calcaires et boulbènes superficiels).
Le désherbage de prélevée reste prédominant
Dans une majorité des bassins, le désherbage de prélevée seul est prépondérant hormis en Rhône-Alpes, bassin à forte pression d’ambroisie à feuille d’armoise, où les stratégies en prélevée + post levée dominent.
Un taux de binage inférieur à la moyenne pluriannuelle est observé en 2021 (24 % ha contre), lié en partie aux conditions pluvieuses du mois de mai et début juin 2021 dans de nombreuses régions. 73 % des agriculteurs jugent leur parcelle propre, 23 % moyennement propre et seulement 4 % sale. Il y aurait une légère baisse tendancielle du taux de parcelles propres (perçues par les agriculteurs) depuis 2013. Les conditions pluvieuses de l’été 2021 ont été favorables à l’enherbement tardif.
De fréquentes impasses en PK
25 % de la sole de tournesol ne reçoit aucun engrais azoté qu’il soit minéral ou organique (produits résiduaires organiques). La quantité d'azote minéral apporté, hors impasses, est en moyenne de 57 unités, valeur stable depuis 2013. 47 % ha ne reçoivent ni phosphore ni potasse. Ce taux d’impasse phospho-potassique atteint 56 % en Poitou-Charentes & Vendée. Les doses moyennes apportées, hors impasses, sont de 53 kg/ha de P2O5 et 55 kg/ha de K2O. Culture moyennement exigeante en potasse et peu exigeante en phosphore, il est important de souligner que toute impasse dans l’un de ces éléments doit être raisonnée à partir d’une analyse de sol.
Des récoltes 2021 plus tardives que la moyenne
En 2021, les dates de récolte s’étalent, plus tôt dans le Sud et en Poitou-Charentes où l’essentiel des récoltes a été réalisée fin septembre, plus tard plus au nord où il a fallu attendre la première décade d’octobre (voire la deuxième dans le Nord). Ces récoltes ont été plus tardives qu’en moyenne à cause d’un été globalement frais, et particulièrement humide en juillet, qui a ralenti le cycle de la culture. Heureusement les conditions de maturation ont été par la suite favorables, sans pluies excessives. La bonne adéquation entre la date de semis et la précocité variétale, à adapter selon la zone de culture, ressort de nouveau comme un des éléments clés de réussite agronomique et économique de la culture.
Auteur : Vincent Lecomte