Pour Terres Inovia, la décision de conserver son colza est à considérer en fonction de l'état du colza, du risque historique ravageurs et du potentiel de la parcelle. (©Laurent Jung/Terres Inovia)
Le colza développe de nouvelles feuilles tant que la température moyenne dépasse les 5°C. Si la température passe sous les 5°C pendant plusieurs jours successifs, la croissance sera ralentie. L’émergence d'une feuille nécessite environ 70°C/jour sur une base de 5°C. Durant les mois encore doux de septembre-octobre, il faut compter une semaine pour produire une nouvelle feuille et un peu plus au mois de novembre pour lequel le cumul de températures est plus long.
Dans la plupart des situations, une levée début octobre affiche 2 feuilles mi-octobre et permet d’atteindre 4 feuilles avant les premières grosses gelées (selon les normales). Le stade 4 feuilles permet théoriquement de supporter jusqu’à - 15°C. Cependant, cette tolérance est à relativiser selon l’enracinement de la plante (risque de déchaussement en sols de craie ou argile), son exposition au vent et son état sanitaire. Ainsi, le stade 2 feuilles mi-octobre n’est qu’un critère indicatif à considérer avec le contexte de la parcelle.
Un diagnostic à préciser avec la densité et la pression ravageur
Le stade du colza ne fait pas tout. De nombreuses levées sont hétérogènes et une densité minimale est nécessaire afin d’assurer un retour sur investissement et éviter un trop fort salissement. Pour un colza peu développé, une densité de 20 plantes/m² correctement réparties est nécessaire sur l’ensemble de la parcelle.
Le risque de dégâts de grosses altises et de charançon du bourgeon terminal est également à considérer. Dans la situation où il est décidé de conserver son colza, il ne faut pas négliger les protections contre les insectes et surveiller régulièrement sa parcelle. Une attention particulière pour les grosses altises adultes : intervenir si le seuil de 80 % des plantes avec morsures et 25 % de la surface foliaire est détruite jusqu’à 3 feuilles inclus. Le vol du charançon du bourgeon terminal a débuté et le jeune stade des colzas les rend d’autant plus vulnérables. Observer vos cuvettes et s’informer grâce au BSV.
> La cuvette jaune, incontournable pour détecter l'arrivée des ravageurs du colza
La décision de conserver son colza est à considérer en fonction de l’état du colza (longueur du pivot, croissance active, absence de carences, etc.), du risque historique ravageurs (forte pression, résistance) et du potentiel de la parcelle. En effet, l’expression du potentiel sera plus ou moins impactée selon le contexte de production. Vigilance également vis-à-vis des limaces, la pluviométrie régulière étant favorable à leur activité. En cas de conservation de la parcelle, un antilimace est conseillé afin de protéger les jeunes plantes.
Il est également important d’intervenir avec un antigraminées foliaire si les repousses de céréales sont nombreuses et risquent d’étouffer les petits colzas. Pour la gestion des dicotylédones, si la parcelle n’est pas trop sale, il est préférable d’attendre encore. Suivant la flore présente, une intervention avec Mozzar/ Belkar voire Ielo sera possible en novembre.
Une prise de risque variable selon le contexte pédologique et ravageur
La conservation d’une parcelle de colza qui atteint 2 feuilles à mi-octobre ET qui ne présente pas de défaut de densité ni de problème sur plante, peut s’envisager avec une prise de risque plus ou moins forte selon le contexte de la parcelle :
En sol argilo-calcaire superficiel
Dans ces situations, le potentiel de production est potentiellement le plus affecté : risques de déchaussement, capacité de compensation limitée, expositions à des évènements climatiques plus importants (gel, vent, sec,…)
- Si la pression insectes historique est forte (Plateaux de Bourgogne, Barrois Aube, Haute-Marne) : Risque fort.
- Si la pression insectes est modérée : Risque modéré.
En sols profonds non crayeux
Les risques de déchaussement sont moindres et les phénomènes de compensation sont plus fréquents.
- Si la pression insectes historique est forte (Plaine dijonnaise, Terres de vallée de Bourgogne et de l’Aube) : Risque modéré.
- Si la pression insectes est modérée : Risque faible.
En sols de craie
Malgré des potentiels et phénomènes de compensation similaires aux autres sols profonds, ces sols sont soumis à du déchaussement durant l’hiver augmentant le risque.
- Si la pression insectes historique est forte (Aube, Sud de la Marne) : Risque fort.
- Si la pression insectes est modérée (Ardennes, Nord de la Marne, Aisne) : Risque modéré.
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