Des températures hivernales se sont abattues sur l'Hexagone durant la semaine du 5 avril 2021, atteignant selon les secteurs de - 1°C à - 7°C sous abri. Ces températures froides sont arrivées dans un contexte très peu humide, avec des sols secs et très peu de rosée le matin. Cette absence d’eau pourrait permettre de limiter les dégâts.
Cultures d'hiver
Dans le grand nord de la France, lupins et féveroles d’hiver initient leur floraison, quand les pois sont encore au stade feuilles, mais ont dépassé le stade « initiation florale », stade où les organes fleurs se différentient au sein du bourgeon terminal. À ce stade, la bibliographie indique que les cultures peuvent supporter des gels allant jusqu’à - 5°C.
Les premières observations faites semblent indiquer qu’il y aurait peu de dégâts, mais restent à confirmer dans la semaine à venir.
Les symptômes de gel commencent à être visibles sur les #pois d'hiver, avec des évolutions possibles de la bactériose, et l'avortement de certains bourgeons terminaux. Diagnostic final à réaliser 7 à 10 jours après les dernières gelées. pic.twitter.com/YBcMBYXwqz
— Agathe Penant (@AgathePenant) April 15, 2021
Bactériose : Le point d’attention doit se porter sur l’évolution de la bactériose, présente principalement dans les parcelles de pois d’hiver de l’ouest de la France. Si le temps reste au sec, ou à de faibles pluies comme connues ce weekend, son évolution devrait être limitée. Si en revanche un temps frais et humide venait à s’installer, la maladie pourrait se développer. Il n’existe pas de moyen de lutte.
Cultures de printemps
Les semis de printemps – pois, féverole, lupin, lentille, pois chiche – ont eu lieu en majorité début mars. Les cultures sont levées, et atteignent pour les parcelles les plus précoces le stade 4 feuilles. À ce stade, la bibliographie, axée essentiellement sur le pois de printemps, indique que la culture, si elle a été implantée dans de bonnes conditions, ce qui est le cas cette année, peut tolérer des températures négatives de l’ordre de - 5°C.
On étend cette hypothèse aux autres légumineuses à graines de printemps, sans connaissance précise de leur physiologie. Là encore, les conditions sèches nous laissent à penser que l’impact pourrait être minime. Cette hypothèse se doit d’être confirmée dans les deux semaines à venir.
Les petits pois sont jaunes ?? (sf s’il s’agit d’Aviron).
— Emmanuel BONNIN (@BONNIN1402) April 9, 2021
Sur l’hiver : Gel ??de février repris par gel d’avril??
La parcelle de printemps voisine est jaune aussi mais rien de grave. pic.twitter.com/hmZcohOo4Y
La suite
Dans les semaines à venir, surveillez vos cultures. Les dégâts de gel se traduisent par un brunissement des feuilles – plutôt beige sur pois et lentille, brun foncé sur féverole – un recroquevillement des plantes et un avortement des bourgeons terminaux.
Les dégâts de gel mécanique, liés à l’action du sol, sont également possibles. Ils se traduisent par un pincement à la base des tiges, pouvant entraîner leur nécrose à partir du bas si les canaux conducteurs sont sectionnés.
Rappel sur la bactériose
La bactériose, également appelée graisse du pois, est une maladie aérienne due à une bactérie : Pseudomonas syringae. Cette maladie apparait généralement en foyers dans la parcelle. Le feuillage présente des plages nécrotiques de formes irrégulières et anguleuses, de couleur marron clair à brun foncé, souvent translucides et les tiges sont ceinturées par des nécroses brunes translucides. Les organes touchés finissent par dessécher.
Les dégâts occasionnés sont principalement liés au pouvoir glaçogène de la bactérie : elle constitue un noyau de cristallisation, ce qui favorise le gel des tissus des plantes à des températures habituellement supportées par celles-ci (dès - 2, - 3°C). La maladie évolue ensuite uniquement dans certaines conditions de températures et d’humidité.