Mickaël et David Joubier sont tous deux férus de technique et d’agronomie. Ils se sont installés en 2007 puis ont repris la ferme familiale. Progressivement, ils ont l’impression d’être arrivés au bout d’un système, et en 2016, ils décident de convertir leur exploitation au bio. Le bilan de leur expérience est plutôt positif.
« Bien sûr, les problèmes ont évolué. Tous les jours, nous en découvrons de nouveaux. Mais nous avons réappris l’agronomie. Nos sols se sont améliorés et nous avons découvert le confort que peut apporter le bio. Ainsi, nous n’avons plus besoin de porter des gants et un masque lorsque nous manipulons des semences », rapporte Mickaël Joubier.
Située à Taupont, non loin de Ploërmel, dans le Morbihan, l’exploitation mène deux grandes activités : un élevage de poules pondeuses avec des ateliers en cage, en plein air et en bio, ainsi que des cultures sur 350 ha. Celles-ci sont diversifiées et leur liste plutôt longue : des blés sous contrat avec un meunier côtoient du colza, des triticales, des féveroles, du chanvre, du blé noir, du maïs, du sorgho, des légumes industriels et des pommes de terre.
Ces dernières, qui sont cultivées à raison de 27 ha en production de plants et de 10 ha pour la transformation en chips, ne sont arrivées sur l’exploitation qu’en 2020. « Nous ne connaissions alors pas la coopérative Douar Den car nous adhérons à Eureden. Mais nous avions appris par l’un de nos collègues qu’il existait un besoin de plants », rapporte Mickaël Joubier.
La chance d’avoir des variétés adaptées
Avant de se lancer, les exploitants ont subi un véritable entretien d’embauche de la part des services techniques de Douar Den. Ils ont présenté leur ferme, échangé sur le temps de travail, parlé de rémunération, etc. « Les responsables techniques de la coopérative nous ont exposé leurs attentes. La première année nous avions démarré avec 7 ha de plants et 4 ha de chips. Nous leur réservons nos plus belles parcelles et nous sommes suffisamment larges pour revenir tous les cinq ans. Notre situation au centre de la Bretagne se trouve en dehors des grandes zones de production. Cela représente un atout sur le plan sanitaire. »
Depuis la plantation jusqu’à la récolte, la culture des plants est gourmande en temps de travail pour les deux associés, leur salarié et leur apprenti, et doit trouver sa place dans le rythme imposé sur l’exploitation par l’élevage des poules pondeuses.
« Tous les matins, la journée commence par le ramassage des œufs. Alors, pour ne pas prendre trop de risques de pannes et être autonomes, nous nous sommes équipés en neuf de tout l’équipement nécessaire à la pomme de terre, de la plantation à la récolte, auprès du distributeur spécialisé Michel Odic. Nous avons eu la chance d’investir avant l’inflation des prix des matériels, se félicite l’agriculteur.
Prendre toutes les précautions face au mildiou
Une fois plantées, les parcelles sont désherbées par deux ou trois passages de herse étrille et par buttage. Nous ne prenons aucun risque en protection contre le mildiou. En bio, les infestations peuvent partir très vite. Nous traitons donc systématiquement deux fois par semaine avec des solutions à base de sulfate de cuivre. Par ailleurs, avec l’appui des contrôleurs de Bretagne-Plants, les plantations sont inspectées et épurées quotidiennement. Nos sols de limons sur schistes n’offrent pas une grande rétention d’eau. Mais, jusqu’à présent, nous n’avons pas eu besoin d’irriguer ».
Mickaël Joubier est amené à planter les différentes variétés proposées par Douar Den dans son catalogue. « Cela fait partie du jeu. Certaines sont typées bio et confortables à travailler. D’autres sont plus conventionnelles, donc plus sensibles aux pathogènes. Cela nous permet de faire la différence et d’apprécier de disposer d’un opérateur intéressé à faire progresser la génétique. » À l’automne commencent les récoltes. Comme l’exploitation n’est pas équipée d’une infrastructure de stockage, les plants sont systématiquement expédiés à la station de Pontivy. « En général, le technicien nous appelle la veille pour nous dire de quelle variété il a besoin et nous expédions les caissons soit par camion, soit en tracteur. Il nous faut environ une heure et quart pour faire les 46 kilomètres. »