Il produit du pois chiche en Maine-et-Loire depuis l’an dernier

Claude Thouin
Le climat tempéré et la légendaire douceur angevine ne sont pas des obstacles à la culture du pois chiche. (©Antoine Humeau)

La situation se présente plutôt bien cette année pour Claude Thouin. Cette fois, il a pu implanter ses 25 hectares de pois chiche début avril. L’an dernier, pour la première fois qu’il en cultivait, il avait dû attendre un peu que ses parcelles soient bien ressuyées, praticables.

Le pois chiche ce n’est pas si difficile, à l’en croire. « J’avais fait du pois d’hiver pendant des années, c’est un peu la même chose, sauf que la récolte était compliquée à cause de la verse ». Le pois chiche, lui, reste debout. Le climat tempéré et la légendaire douceur climatique angevine ne sont pas des obstacles à la culture de ce protéagineux. Si l’on n’en faisait pas ici auparavant, c’est surtout par manque de débouchés. « Le pois chiche a besoin de chaleur pour la maturité fin juillet et début août, mais il a besoin d’eau avant, pour que les gousses grossissent », résume le céréalier, installé avec son épouse et ses deux filles sur 400 hectares à Bécon-les-Granits, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest d’Angers.

« Le pois chiche en Pays de la Loire, cela se fait bien », synthétise Xavier Jouin, technicien de la coopérative. Dans l’idéal, ne pas avoir trop d’eau en début d’année permettrait de travailler ses sols en février pour ensemencer en mars. Jusqu’au 15 avril, tout va bien. Avant la préparation de sa terre avec un outil à dents, Claude Thouin a fertilisé avec phosphore et potasse (pas besoin d’azote, c’est une légumineuse). Il effectue son implantation avec un semoir à céréales, mais un semoir monograine serait idéal, « cela permet de semer plus épais, et on est sûr d’avoir 100 % de levée », commente Xavier Jouin. Le coût de la semence est exorbitant, 600 €/ha alors réduire la densité de semis permet de faire des économies.

Claude Thouin fait un désherbage dès le lendemain de l’implantation, puis un petit rattrapage au stade 3-4 feuilles et c’est à peu près tout. Il n’y a pas beaucoup de produits de désherbage homologués, et il faut les appliquer assez tôt, lorsque les adventices sont peu développées parce qu’ils ne sont pas toujours bien efficaces. Et puis de toute façon, ce protéagineux ne supporterait pas un désherbage trop puissant.

Une culture qui peut se passer d’irrigation

Le pois chiche ne nécessite pas beaucoup de chaleur pour lever, il faut avoir des terres avec suffisamment de réserve utile, de la profondeur pour mieux supporter les coups de sécheresse. Donc, éviter les terres sableuses. Il faut un peu d’eau pour la floraison, au mois de juin. La sécheresse peut pénaliser sérieusement les rendements, tout comme une chaleur excessive (au-delà de 30 à 35°C). Claude Thouin n’a pas de solution d’irrigation chez lui et de toute façon, « pour ce genre de culture cela ne doublerait pas les rendements ». Le pois chiche a des racines profondes qui peuvent aller chercher l’eau ». Si c‘est trop humide à la floraison, on n’est pas à l’abri d’un botrytis. « Un fongicide peut permettre de protéger la gousse », suggère Xavier Jouin. Contre le stress abiotique (sécheresse, gelée, excès d’eau), on peut appliquer un produit de biocontrôle à base d’algues et d’oligo-éléments.

Quant aux insectes, le céréalier de Bécon-les-Granits n’a pas traité l’an dernier, car les attaques ne surviennent qu’en moyenne une année sur dix. Pas de chance, c’était celle-ci. « Avec le changement climatique et le printemps de plus en plus doux, on a un papillon qui arrive, l’heliothis, qui pique la gousse et les larves la dévorent », explique Xavier Jouin. Claude Thouin a perdu 5 quintaux l’an dernier, ses rendements n’ont pas dépassé 17 quintaux, il visait 22 comme objectif.

Un marché porteur

Finalement, le changement climatique est-il vraiment favorable à la culture de pois chiche ? Plus d’ensoleillement, un peu plus de chaleur, c’est mieux pour son développement. « Si cela permet de semer plus tôt c’est quand même mieux », estime Claude Thouin. Le problème du changement climatique, c’est qu’il apporte les extrêmes. « Si aucune goutte d’eau ne tombe en mars, ce sera un problème, et si une grosse canicule sévit durant une semaine, les cultures seront brûlées, aucune culture ne supporte les canicules à 40 ou 45 degrés », complète Xavier Jouin.

Le pois chiche pousse dans les pays méditerranéens et en France, c’est surtout dans le Sud-Ouest et en région Centre qu’on le cultivait jusque-là. Particularité de ces zones, la bactérie Rhizobium ciceri est présente naturellement dans les sols. Or elle est très utile à la culture de pois chiche puisqu’elle lui permet de faire ses nodosités et capter l’azote de l’air. Les sols des Pays de la Loire ne possèdent pas naturellement cette bactérie, dommage… Un obstacle que relativise Sébastien Beauvallet, directeur des activités céréales à la Coopérative agricole du Pays de Loire (CAPL) : « Contrairement à la lentille qui est très dépendante agronomiquement de la bactérie qui lui permet de fixer l’azote, le pois chiche peut pousser, ce n’est pas trop un frein ».

Si la Coopérative du Pays de Loire (CAPL) a décidé de développer cette culture, comme bien d’autres graines sans gluten dédiées à l’alimentation humaine, ce n’est pas pour des raisons de climat mais bien parce que le marché est porteur, des clients comme Vivien Paille, Panzani ou Lustucru étaient demandeurs. En 2024, la coopérative a commercialisé un peu moins de 600 tonnes. L’objectif c’est de doubler à terme pour atteindre 3,5 % de la consommation française. Une consommation tirée par la demande en restauration collective et les orientations du plan national nutrition santé.

Pour l’heure, 120 producteurs de la CAPL cultivent du pois chiche, sur les départements de Maine-et-Loire et Indre-et-Loire.

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