Pour diversifier son assolement en cas d’aléas climatiques, sécheresses en particulier, de marché, agronomique, etc., Benoît Vaillant a testé plusieurs cultures, en microparcelles : le pois d’hiver et de printemps, le lupin, la féverole d’hiver et de printemps. Mais ces tests ne se sont pas révélés concluants. « Le lupin et la féverole d’hiver ont gelé, la féverole de printemps n’a pas levé, les pois de printemps n’étaient pas terribles et je n’ai pas récolté de pois d’hiver tellement ils étaient malades », raconte-t-il.
« Par ailleurs, les pois supportent mal la sécheresse et attirent les pigeons. Quant aux pois jaunes, ils sont trop fragiles. Économiquement, on ne s’y retrouve pas. Je m’interroge sur l’avenir de la filière dans les Hauts-de-France », pousuit-il. Le jeune producteur s’est également renseigné sur la cameline mais « elle n’est pas assez productive, ça ne vaut pas le coup », estime-t-il.
Pois, lupin, féverole… il a testé plusieurs cultures
Il a pensé aux pommes de terre mais les investissements sont trop conséquents et il a déjà été « échaudé, avec la betterave, par les productions sous contrat et la dépendance aux industriels ». Cultiver plus de colza ? Là encore, les craintes liées à l’interdiction potentielle dans l’UE des biocarburants de deuxième génération, en 2015-2016, l’ont refroidi.
Alors, en 2023, deux ans après s'être lancé dans le soja, il a essayé le tournesol dans le cadre de tests menés par la petite coop locale de Saint-Hilaire. « Les deux premières campagnes, super ! Puis, avec la guerre en Ukraine, les prix sont montés à 800 €/t avant de redescendre à 380-420 €. Les semis étaient effectués, je ne pouvais pas faire machine arrière », relate le jeune exploitant.
« Un perchoir idéal pour les pigeons »
En 2023, les trois quarts des surfaces semées au sein de la coopérative ont été attaquées par les limaces à cause de l’humidité, ou par les pigeons, à la levée et surtout à la floraison, puis par les lièvres. Sur les 200 ha semés, seuls 50 ont été récoltés. « C’est rageant de tout broyer ou presque ! » Dans le nord de la France, la plante produit des capitules « de la taille d’un plat à tarte », fournissant un perchoir idéal aux pigeons « qui, pour manger un grain, en font tomber cinq par terre ».
Pour manger un grain, ils en font tomber cinq par terre !
« Dans le sud, ils n’ont pas ce problème. Il fait plus sec et les terres sont à plus faible potentiel », fait remarquer Benoît. Ce dernier a malgré tout persévéré mais a diminué de 14 à 8 ha la surface de tournesol. « Cette année, nous ne sommes plus que deux-trois adhérents à en cultiver », indique-t-il, espérant qu’un travail sur la génétique permettra d’améliorer les résultats.
Comme pour le soja, le chiffre d’affaires s’élève, en moyenne, à 1 200 €/ha pour un coût de production de 790 €/ha (400 € pour les semis, 60 € pour le désherbage, 300 € de fumure, pas de fongicide non plus ni d'insecticide, 120-140 € pour la récolte).
Vu la sole restreinte, les semis (semoir à betterave) et la récolte (batteuse à blé équipée d’une tôle en forme de triangle) sont réalisés par une ETA. La coopérative de Saint-Hilaire collecte les grains, les fait transformer ailleurs en huile de friture, qu’elle met ensuite en bouteille et commercialise.