Comme dans le Grand Est et la Bourgogne-Franche-Comté, certains secteurs ont connu des baisses importantes de température ce week-end avec des colzas en début de floraison. La nuit du dimanche au lundi 4 avril a été particulièrement froide avec des températures atteignant les - 6 à -7 °C au lever du jour et des gelées présentes dès le milieu de la nuit (-9 °C à Mourmelon dans la Marne).
Observez les parcelles en sortie de l'épisode froid
Pour l’instant, les symptômes observés dans les parcelles sont principalement des courbures de hampes principales, observe Mathieu Dulot, ingénieur de développement pour la région Champagne-Ardenne et le département de la Seine-et-Marne. Pour de nombreuses parcelles, les plantes ne se sont pas redressées de la journée de lundi 4 avril. Il pourrait y avoir des avortements de fleurs dans les jours à venir pour les parcelles les plus en avance. En effet, théoriquement, les fleurs avortent dès 0 °C, les boutons tolérants quant à eux des températures plus basses (- 6 °C). Ces valeurs restent indicatives et de nombreux paramètres entrent en ligne de compte : situation de la parcelle, état végétatif du colza, … L’absence de vent et la présence de givre au petit matin devraient cependant limiter les dégâts.
Visite #essai #colza à floraison hier dans le 59 : des températures fraîches ressenties ??mais pas de neige ??! Les plantes ont la tête vers le bas mais pas d’impacts pour elles ici. Grosse pression cylindro sur feuilles?tiges ?? @DEKALB_FR @terresinovia pic.twitter.com/F6cPzhzrKU
— Thomas VOIRET (@TVoiret) April 5, 2022
-1°c (-2 au levé du soleil) mais 96% d'humidité ???????? le #colza n'aime pas trop ça ???? pic.twitter.com/UsfBFaAHpJ
— Benoit, Paysan charentais (@benoitpaysan) April 3, 2022
Un impact du gel limité par des colzas vigoureux
Cette année, et à la différence de l’année dernière, les colzas sont dans l’ensemble bien vigoureux. Les ravageurs d’automne ont été peu présents et les tiges principales se sont bien développées. La rapide remontée des températures et l’arrivée d’un épisode de pluie dans les jours à venir devraient permettre au colza de redémarrer la floraison et de compenser les fleurs et boutons avortés.
Seuls points d’incertitude, les parcelles avec des dégâts importants de pigeons ramiers et de charançons de la tige pour lesquelles il faudra être vigilant et voir l’évolution future.
Une gelée à -4°C sur un colza poussant...ça donne ça!
— Patrick Pigeon ???????????? (@Pat2816) April 4, 2022
Impressionnant, mais a priori sans impact.
" il plit mais de rompt pas"
Même variété (Feliciano),
même parcelle mais plus d'azote apporté au printemps (à gauche). #ceuxquifontlesessais #àsuivre #FrAgTw pic.twitter.com/Ylwg4jd4IQ
De la neige sur des colzas en floraison
Des chutes de neige ont également été observées vendredi 1er avril dans certaines régions. Dans la majorité des cas, ce n'est pas problématique puisque la neige a rapidement fondu, note Nicolas Latraye, ingénieur de développement pour les Hauts-de-France. Néanmoins, pour les secteurs fortement recouverts (du Boulonnais au Ternois par exemple), environ 20 à 30 % des parcelles sont concernées par de la verse dont l’intensité dépend principalement des facteurs "quantité de neige" et "qualité d’implantation". La densité de semis ainsi que le stade de la culture sont également des critères discriminants.
Cette verse intervient sur des colzas vigoureux et avec un bon état sanitaire ce qui devrait en limiter l’impact sur le potentiel de la culture. Les observations réalisées sur les parcelles versées montrent que les tiges des colzas ne sont pas sectionnées, seulement pliées : les jours et semaines à venir devraient permettre aux colzas de se redresser, même si cela reste partiel dans certaines parcelles.
Dans les Hauts-de-France, suite aux chutes de neige tombées vendredi des parcelles de #colza sont toujours couchées au sol. Même si cela ne représente qu’une minorité de parcelles en région, quel en est l’impact et quelle conduite tenir dans ces parcelles ? @NicolasLatraye pic.twitter.com/FLseZKOPKZ
— Laurent JUNG (@laurentjung54) April 5, 2022
Que faire ?
Le fait que les colzas soient couchés ou rappuyés va provoquer, dès le retour de températures plus clémentes, un microclimat favorable au développement de champignons et de maladies : sclérotinia, oïdium, mildiou botrytis ou plus tardivement, maladies des siliques. Il est important d’en tenir compte dans sa stratégie de protection fongicide car les parcelles touchées seront d’autant plus vulnérables que le couvert est "fermé" et couché.
Avant d’envisager tout traitement fongicide, il est nécessaire d’attendre le retour de conditions favorables pour les applications : passage des pluies prévues cette fin de semaine, redressement des colzas et stade de déclenchement du traitement : G1. Attention, sur les parcelles les moins redressées lors du traitement, les efficacités à attendre des applications pourront être limitées sur les parties que la pulvérisation ne pourra pas atteindre : les fongicides sont des produits de contact.
Il est important de viser un programme fongicide performant à classique et de ne pas réduire la couverture fongicide prévue. Privilégier l’utilisation de traitement avec des produits associés (tels que Propulse, Efilor,Treso en l'associant, .... ) afin d’avoir la meilleure couverture maladie possible et de sécuriser la culture.