L’été 2022 « devrait se situer au 2e rang des étés les plus chauds observés en France depuis 1900 (derrière 2003) » et « avec la plus faible pluviométrie (derrière 1976) » sur la période janvier-juillet, l’ensemble des régions étant concernées, soulignaient le ministre de l’intérieur, le ministre de l’agriculture et le ministre de la transition écologique mercredi 24 août.
« Où en êtes-vous dans les semis de colza 2022 ? »
Si les semis de colza précoces sont de plus en plus recommandés pour faire face aux insectes d'automne notamment, la forte sécheresse complique leur avancée par endroits. Pour faire un premier point d'étape, nous avons posé la question aux lecteurs de Terre-net via un sondage réalisé sur les réseaux sociaux entre le 22 et le 25 août
Le moins qu'on puisse dire, c'est que les réponses divergent selon les localisations et dépendent surtout des précipitations reçues ou non.
Installé dans les Yvelines, Mathieu Penel indique, par exemple, avoir pu « semer tôt pour une fois ». L'emblavement des parcelles a été réalisé au 12 août, après 18 mm et avant les orages du 15 août.
Les premières levées
Dans la Creuse, Julien Rouffet a semé le 13 août dans la poussière, avant un orage de 35 mm. Pour le moment, il observe « une belle levée, à voir ce que la météo va décider ensuite ! », note-t-il. En Indre-et-Loire, David Forge a aussi tenté de « semer dans le sec au 12 août (densité de semis : entre 2,5 et 3 kg/ha, et profondeur de semis : 4 cm), après deux coups de déchaumeur rapides derrière son orge d'hiver et avec une incertitude sur les quantités de pluie annoncées. J'apporte aussi de l'engrais en localisé (25 kg/ha) pour que le phosphore se retrouve au plus proche de la graine », précise l'agriculteur dans une vidéo publié sur sa chaîne Youtube.
Après le semis, David Forge témoigne de précipitations entre 10 et 15 mm selon les parcelles et des premières levées observées au 18 août. Place maintenant à la surveillance des bioagresseurs potentiels !
Cliquez sur le curseur pour découvrir l'intégralité de la vidéo.
Observation aussi du colza associé 7 jours après le semis, chez Jean-Pierre Mandrin, en Suisse :
J+7 pour le #colza associé... pic.twitter.com/sPNbidhAFO
— Mandrin Jean-pierre (@jpman70) August 24, 2022
Semer ou non du colza en 2022 ? Une décision suspendue à la météo
Pour Laurent Godin, agriculteur dans la Meuse entre Bar-le-Duc et Saint-Dizier, mieux vaut « être raisonnable et ne pas semer trop tôt » : « j'attends toujours au moins le 20 août », afin de favoriser les repousses du précédent notamment... « Derrière l'orge de printemps, on a passé un coup de déchaumeur à disques indépendants et un passage de déchaumeur à dents 4-5 jours après, qu'on a laissé ensuite pour que la capillarité se refasse. [...] Pour le moment, on a eu des pluies très localisées : 8 mm le week-end dernier sur une parcelle et 5 mm il y a 15 jours, à 4 km de là, 8 mm le week-end dernier, et environ une trentaine de mm 15 jours auparavant en 2 fois ».
L'agriculteur qui utilisait avant un semoir monograine est passé à un semoir pour semis simplifié depuis quelques années, ce qui lui permet d'aller plus vite (12 km/h). Il apprécie aussi « la régularité de profondeur, les doubles disques ouvreurs et les roues de plombage ». Maintenant Laurent Godin espère l'arrivée de la pluie : « il faudrait environ 25 mm, une pluie suffisante mais gentille pour éviter les dégâts... »
Dans le même cas, Bruno Cardot, installé dans l'Aisne, appelle ses abonnés sur Twitter à faire la "danse de la pluie" pour aider les agriculteurs :
Salut salut ?? ??
— Bruno (@BruCardot) August 23, 2022
Semis ?? des #zaza la graine de colza pour vos huiles alimentaires, les biodiesel, et les drêches 2023 ??
Bon bah #Secheresse2022 donc n’hésitez pas à nous imiter pour une #DanseDeLaPluie ?????? @Fragritwittos #FrAgTw ?????? @MFesneau @KarineDurandpro pic.twitter.com/Id5JVBMTH7
Pluie ou pas pluie, demain je sème le #colza. Je prends le risque. pic.twitter.com/qgwuoObaSM
— Benoit, Paysan charentais (@benoitpaysan) August 23, 2022
Pour beaucoup de producteurs, les semences sont encore dans les sacs. Là encore, tout va dépendre de la météo à venir, comme l'indiquent Julien Blanckaert et Alex Srz dans le Vexin. En Picardie, Fabien Bourdette ne se dit pas inquiet : « jusqu'au 1er septembre, il n'y a pas "le feu" pour semer ». « Même jusqu'au 10, estime Damien Nauwynck. Mais bon, il n'y a pas d'eau annoncée jusque-là. » Et d'ajouter : « et quand c'est fait, c'est fait et on dort mieux ! »
Du côté de Charly-sur-Marne dans l'Aisne, Mathieu Vivier n'a pas commencé non plus, « mais il va bien falloir car j'ai déjà vendu une partie du colza pour 2023 », commente l'agriculteur. Il avait arrêté le colza à cause des sécheresses estivales et des insectes. Mais un projet de méthanisation a déclenché l'investissement d'un strip-till et Mathieu Vivier le teste depuis deux campagnes pour le colza. « Cette année, on a tardé, à réaliser le passage de strip-till (il y a 10 jours) et il n'y pas de fraîcheur. [...] Entre le 1er juillet et le 24 août, on a reçu 22 mm en tout. » « Il faut un passage de rouleau cambridge et un passage de déchaumeur à disques compact à 3-4 cm pour affiner le sol et éviter qu'il y ait trop de blocs. [...] Je suis prêt à faire feu avec le semoir monograine et je me suis fixé le délai du 10 septembre. » A suivre donc !
Dans le Val d'Oise, le choix est fait pour Stéphane Prs. Il ne comptera pas de colza dans son assolement cette campagne et il a choisi le tournesol comme tête d'assolement. En Mayenne, la décision est prise aussi pour @alea jacta, pas de colza : une première en 10 ans !
Ça donne quoi vos colzas, j'en ai pas cette année, une première en 10 ans . Ça fait bizarre !
— alea jacta ?????? (@lesyaknous) August 24, 2022
Vous avez eu un peu d'eau ?