Si la moisson a débuté tranquillement depuis fin mai-début juin dans certains secteurs, elle commence ces jours-ci dans de nombreuses autres régions et va monter en puissance. Chaque année, plus de 250 000 agriculteurs se retrouvent dans les champs, avec leurs salariés, famille, amis, saisonniers. Et tout ce monde défile pour décharger les bennes au niveau des organismes stockeurs (OS) qui, eux-mêmes, embauchent du personnel supplémentaire pour l'occasion. Dans les parcelles et davantage encore au silo, beaucoup de matériels, de marchandises et de gens se concentrent et se mélangent, sur une période somme toute relativement courte.
L'ambiance est conviviale : on se serre la main, on s'embrasse, on discute, on casse-croûte ensemble. Souvent trépidante aussi. Vite, il faut le résultat de l'échantillon pour savoir si on peut battre ; vite, il faut finir la parcelle avant la pluie, etc. Alors on s'impatiente dans la queue ou on s'énerve parce que le rendement ou la qualité n'est pas là. La moisson, c'est ça, depuis des années mais en 2020... le Covid-19 bouscule ces rituels bien établis, comme il l'a fait pour tant d'autres.
Le coronavirus bouscule les traditions de la moisson.
Éviter les mises en quarantaine et fermetures de silos
Car il importe évidemment d'éviter toute transmission du virus : l'apparition d'un cas, et a fortiori d'un cluster, risquerait d'entraîner la mise en quarantaine d'agriculteurs et de salariés d'OS, voire la fermeture de silos de réception, ce qui entraverait le déroulement de la moisson. Certes l'épidémie est sous contrôle en France, mais le coronavirus circule toujours. Alors, pour prévenir les risques, les fédérations de coopératives et de négoces recommandent, aux structures adhérentes et aux agriculteurs, de prendre un certain nombre de précautions.
Mi-mai, elles ont établi un protocole sanitaire spécifique pour la moisson en évaluant, avec certaines entreprises de leur réseau, les risques à chaque poste. Il s'agit de préconisations s'inspirant de celles du ministère du travail, non d'obligations, et toutes ne sont pas forcément reprises par chaque organisme stockeur. Sachant que ces derniers pourraient choisir la prudence, craignant que leur responsabilité soit engagée en cas de problème. Ces recommandations peuvent aussi évoluer en fonction des annonces gouvernementales.
#Moisson2020 #Covid-19, adoptez les bons gestes : les mesures sanitaires au sein des organismes stockeurs pour la moisson expliquées, dans une vidéo Youtube, par la coopérative Agora au silo de Ressons-sur-Matz (Oise) :
Cliquer sur le curseur pour lancer la vidéo.
Stationnement et mouvement des tracteurs, file d'attente, échantillonnage, pesée, vidange des bennes, remise des bons d'apport et de livraison : pour ne pas être surpris au premier échantillon, ni à la livraison de la première benne, découvrez la marche à suivre dans la plupart des OS, étape par étape. Même si tous ont informé au préalable leurs adhérents de ces mesures, dans les traditionnels livrets ou notes moisson qu'ils leur envoient, un petit rappel peut s'avérer utile.
??Pour prévenir au mieux tout risque sanitaire lié au Covid-19, @noriapcoop met en place un protocole spécifique, dans chacun de ses 150 sites de collecte : la moisson "sans contact".
— noriap (@noriapcoop) June 29, 2020
Excellente #moisson2020 à tous ! ??@ja_somme @JA_Normandie @ServtecPvNORIA @ReneePREVOST80 pic.twitter.com/09JE5jS2ll
Un protocole sanitaire spécifique pour la moisson.
1- Avant de se rendre au silo : prévoir dans le tracteur
- un masque (port conseillé)
- du gel hydroalcoolique ou de l'eau et du savon
- des essuies-mains à usage unique
- des stylos (signature des bons d'apport et de livraison)
2- Arrivé au silo, consulter et respecter les affichages
- Le plan de circulation des ensembles tracteur-benne sur le site.
- Le balisage mis en place.
- Les consignes à respecter vis-à-vis des locaux et des salariés :
> entrée à éviter dans les bureaux
Certains OS interdisent l'accès aux agriculteurs, d'autres non mais ils ont installé des repères sur le sol pour faciliter le respect de la distanciation physique d'un mètre, voire ont entouré les postes de travail de plexiglas, s'ils ne l'avaient pas déjà fait pour protéger leurs salariés, trop proches les uns des autres sinon. Si un agriculteur est déjà à l'intérieur, patienter dehors jusqu'à ce qu'il sorte. Si la porte n'est pas déjà ouverte, attendre son ouverture par un employé, puis se désinfecter les mains avec du gel hydroalcoolique mis à disposition.
> distance d'un mètre minimum entre personnes
> port du masque recommandé
- pas de serrage de main, ni d'embrassade
- règles pour descendre du tracteur
- procédure pour donner un échantillon, échanger les bons d'apport et de livraison...
(Plus de détails plus bas)
« Ces affichages visent à faire appliquer les mesures barrières à l'ensemble des personnes présentes, agriculteurs et salariés des organismes stockeurs, de façon incitative plutôt que contraignante afin de ne pas ralentir l'activité », insiste La coopération agricole dans ses préconisations.
3- Dans la file d'attente : rester dans le tracteur
Dans la queue pour apporter un échantillon ou peser une benne, il est conseillé de rester dans le tracteur et d'attendre les consignes du personnel du silo.
4- Pour les échantillons et la pesée : garder ses distances
- Si vous êtes accompagné, il est préférable qu'une seule personne descende du tracteur.
- Se laver ou se désinfecter les mains au préalable.
- Veiller à ne pas avoir de contacts physiques et à se tenir à 1 m des autres agriculteurs et du personnel.
- Pour l'échantillonnage uniquement : verser les grains à analyser dans le récipient prévu à cet effet au silo pour qu'il n'y ait pas d'échange de contenants entre l'agriculteur et l'OS. Bien sûr, une désinfection est réalisée entre chaque usage.
- Rester à l'extérieur du bureau en attendant les résultats, donnés oralement
5- Pour décharger une benne : aller vers la fosse spécifiée par le personnel du silo
6- Pour échanger les bons d'apport et de livraison : limiter les contacts
- Agriculteur et personnel du silo ont leur propre stylo.
- Le passage des papiers peut se faire par une boîte aux lettres ou une fenêtre, en gardant ses distances, avec un système de pose/dépose, de corbeilles...
- Se laver et se désinfecter les mains avant et après échange des documents.
Pour limiter les contacts à cette étape, plusieurs OS pratiquent ou ont adopté cette année la dématérialisation des bons d'apport et de livraison par téléchargement internet, mail, SMS, etc. Leur validation peut également se faire sous cette forme.
Remarque : pour que les agriculteurs puissent, si besoin, communiquer à l'oral avec le personnel du silo au moment de l'analyse d'échantillon, de la pesée ou de l'échange des bons d'apport et de livraison, certains organismes stockeurs ont installé un interphone.
Ces consignes peuvent paraître rébarbatives. Mais pour que le bon déroulement de la moisson, il importe de les respecter !
Au champ, c'est plus simple
Certes toutes ces consignes peuvent paraître rébarbatives et rendront la moisson moins conviviale, certains les trouveront même peut-être excessives (voire l'encadré ci-dessous) mais il est important qu'agriculteurs et salariés des coops et négoces les respectent tout au long de la chaîne de collecte parce qu'il n'est pas toujours facile de réguler le nombre de personnes présentes dans un silo en pleine récolte !
Aucune aide extérieure pour 38 % des répondants à un sondage en ligne.
Pour cette dernière en revanche, au champ, c'est plus simple, il suffit de rester à distance des personnes extérieures au cercle familial, même pendant les repas, de ne pas monter dans le même tracteur et de désinfecter les engins avant qu'ils ne changent de main. D'ailleurs, selon le sondage ci-dessous, réalisé sur Terre-net entre le 16 et le 23 juin, 38 % des répondants disent moissonner sans aide extérieure à l'exploitation, ce qui réduit les risques, et 34 % font appel à leurs famille ou amis. Seuls 10 % embauchent un saisonnier, 3 % un stagiaire ou un apprenti et 1 % sollicite le service de remplacement. Enfin, au champ comme au silo, l'attention portée au Covid-19 ne doit pas réduire la vigilance accordée aux autres risques également prégnants à la moisson : accident avec le matériel, poussière...