Terres Inovia a débuté ses investigations et pour l’instant, il n’a pas été possible d’identifier un facteur explicatif mais bien une interaction de facteurs aggravants.
Des capacités de compensation des plantes limitées
- La qualité d’enracinement : les parcelles présentant des défauts d’enracinement (racines « coudées » à moins de 15 cm) voient la valorisation des ressources du sol pénalisée (eau et éléments minéraux venant du sol mais également des engrais apportés), ce qui limite les capacités de compensation des plantes.
- La présence de ravageurs : cette campagne sera encore une année marquée par des difficultés pour contrôler les insectes d’automne mais également de printemps. En effet, les vols échelonnés de grosses altises et de charançons de la tige ont compliqué les positionnements des insecticides.
Des tiges « habitées » par des larves de grosses altises ou déformées voire éclatées par les larves de charançon de la tige ne seront pas à même d’alimenter correctement des inflorescences et des siliques. La forte présence de méligèthes notamment à un stade précoce de la floraison n’a pas arrangé la situation, d’autant plus que les insecticides ont montré une efficacité très moyenne.
- Le comportement variétal : il est encore trop tôt pour préciser ce critère mais nous avons vu des comportements variétaux différents, avec des variétés moins impactées que d’autres, ce qui est lié à leur précocité de reprise, leur capacité à faire de la biomasse à l’automne, … Des variétés comme KWS Feliciano, LG Aviron ou LG Ambassador tirent leur épingle du jeu.
Avec des conditions climatiques favorables, ces difficultés de compensation sont atténuées. Mais la situation du mois d’avril 2021 a été tout autre …
voici 3 photos 3 #parcelles de 3#exploitations dont la mienne(1)des gens qui travaillent extrêmement bien et qui font mieux que moi en #colza 90% du tps on a échangé ensemble et on a du mal à s’expliquer tant de différences mais nous avons besoins de solutions et non de punitions pic.twitter.com/TKsmTl6Tmu
— julien_54 ???????? (@BADURAUX_j) May 1, 2021
Des conditions climatiques défavorables
- Le gel : les deux périodes de gel (mi-février et début avril) ont impacté le fonctionnement des plantes (perte de biomasse et donc diminution de l’activité photosynthétique et production d’assimilats carbonés) et ont provoqué des destructions de boutons. Ces températures basses sur des stades précoces (boutons floraux) ont fortement pénalisé la méïose ce qui a conduit à des avortements de fleurs sur les inflorescences principales mais également secondaires.
?? ...35 jours de galère
— Patrick Pigeon ???????????? (@Pat2816) May 5, 2021
et 4 nuits pour se les géler.
La floraison des #colza se poursuit grâce aux températures plus basses que la moyenne.
Quelles conséquences des #gelées de début avril? ... 20%,30%...+???
À suivre.
Tant qu'il y a des fleurs...y a de l'espoir!?? #FrAgTw pic.twitter.com/Yw1Y1aML6z
- Le déficit hydrique : après les pluviométries de début avril (de 5 à 35 mm selon les secteurs), l’absence d’eau a été très difficile à gérer, notamment dans les parcelles les plus superficielles ou avec des défauts d’enracinement, pour accompagner la mise à fleurs et la formation des siliques.
- Les excès d’eau en sortie hiver : dans les sols hydromorphes, l’excès d’eau a entraîné des pourrissements de pieds qui ont affecté le fonctionnement de la plante et notamment la floraison.
- Des écarts de températures entre le jour et la nuit : le mois d’avril n’a pas uniquement été marqué par des gelées (qui se sont poursuivies localement jusqu’au 20 avril), mais également par des écarts de températures jour/nuit importants (environ 15°C sur la dernière décade). Ces écarts de températures perturbent fortement la physiologie de la plante qui « oscille » entre processus végétatifs et reproducteurs.
Quels sont les facteurs prépondérants ?
Tous les facteurs présentés ci-dessus expliquent les situations observées sur le terrain et ceux entrant en jeu varient d’une parcelle à l’autre. Malgré tout, certains sont généralisés aux parcelles ne fleurissant pas ou peu, selon les secteurs. Dans les Hauts-de-France par exemple, on compte surtout les défauts d’enracinement, le stress hydrique, la pression difficilement gérée des ravageurs (larves d’altise et localement méligèthes) ainsi que les gelées fréquentes du mois d’avril. Pour la région Bourgogne-Franche-Comté, on note aussi les gelées, mais les dégâts de charançons du bourgeon terminal et de la tige comptent également parmi les principaux responsables.
Que faire dans les parcelles ne fleurissant pas ?
Les parcelles n’ayant plus de capacités de compensation ont souvent été retournées à la faveur du tournesol ou du maïs au début du mois d’avril dans les Hauts-de-France. Les parcelles restantes n’auront pas de floraison franche et auront leur potentiel réduit mais seront pour la plupart conservées dans le contexte actuel de prix élevé.
Le retournement à ce jour est une décision individuelle et à réfléchir à la parcelle. Elle dépendra des investissements déjà réalisés sur le colza, de son prix de vente mais également de la disponibilité de semence de la culture de remplacement ainsi que son potentiel prévisionnel (irrigation, date possible d’implantation, etc.) ou encore tout simplement de critères de gestion de l’exploitation (assurance, vente anticipée de la récolte, etc.).
Clap de fin pour ce #colza 2021. Après une levée délicate avec #secheresse le #gel aura eu raison de sa peau..
— Xavier Dufour (@Dufour_agri) May 5, 2021
Cette culture disparaît de l'assolement pic.twitter.com/LEJ9NN1niv